I need to know [Jules]

Cameron & Jules

« Te revoir... »

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

Cameron était arrivé sur à Buenos Aires hier dans la matinée. Le voyage aurait pu le fatiguer, mais il n’en était rien. Il fallait bien plus que quelques heures en avion pour fatiguer Cameron Mitchell ! Surtout lorsque ce qu’il projetait de faire avait un vague rapport avec une séduisante blondinette qui hantait ses pensées depuis tellement longtemps qu’il se demandait comment il n’était pas devenu fou sans elle à ses côtés durant de longues années... Sans doute s’était-il habitué à ce manque permanent, à ce grand vide qui faisait sa vie depuis toujours : après avoir mit des années à combler l’absence de son père (qu’il n’avait d’ailleurs réussit qu’à combler qu’en partie à présent), il avait dû s’habituer à l’absence de Jules...

L’américain secoua la tête alors qu’il finissait de prendre son petit-déjeuner. Liam, en dépit de la fatigue, avait choisit de venir avec lui, histoire de lui tenir compagnie, tout en ayant un œil sur lui. Les deux comparses parlaient de tout et de rien, mais Cameron avait beaucoup de mal à rester concentré, Liam l’avait bien remarqué. Il avait également deviné la raison de cette difficulté de concentration, qui n’était pas compliqué à trouver : le fait de savoir Jules si proche était douloureusement agréable pour Cameron, qui avait hâte de la retrouver, tout en craignant ses retrouvailles. Lui qui depuis tant d’années arborait avec fierté un masque d’impassibilité savait pertinemment qu’il risquait fortement de s’effriter en présence de la jeune femme...

« Hey, tu pourrais au moins faire semblant de t’intéresser à ce que je suis en train de dire », ronchonna Liam. « Quoique, non, t’as raison, reste songeur, c’est mieux ! »

Le ton grognon de son ami suffit à faire sortir Cameron de ses pensées. Il adressa un sourire d’excuse à son camarade, qui parvint à ne pas lui tenir rigueur de la situation, car après tout, c’était lui qui avait décidé de l’accompagner, alors qu’il savait très bien que Cameron ne serait guère bavard.

« Bon, t’as prévu quoi ? »

Afin de pouvoir discuter avec Cameron, Liam avait visiblement opté pour la seule stratégie qui pouvait fonctionner : l’interroger sur ses plans.

« Bah, rien, pour le moment... Je verrais bien !
- Je vois... Magnifique... J’espère que tu vas te montrer un peu plus bavard, sinon, le séjour risque d’être long !
- Hey, t’arrête de râler ! Je ne t’ai pas obligé à venir ! Et en plus, tu sais que t’es dans une ville sublime, remplit de filles sublimes, alors... Souris ! »

Sur ces bonnes paroles, Cameron quitta la table, non sans laisser de l’argent afin de payer son petit-déjeuner. Il n’entendit pas ce que son ami dit en le regardant partir :

« Souris... Et c’est toi qui dis ça ? Cherchez l’erreur... »

Les mains dans les poches, le baladeur coller à ses oreilles, Cameron partit ensuite à la découverte de la ville, sans destinations précises. Pour l’heure, il voulait surtout essayer de se changer les idées. Une partie de lui voulait qu’il se prépare à ce qu’il fera, une fois devant Jules, et l’autre préférait ne rien faire. Après tout, Cameron avait toujours été du genre impulsif, alors à quoi bon essayer de se montrer organisé ?

Il observait d’un œil distant les paysages qui défilaient devant lui. Même les sourires aguicheurs que certaines jeunes femmes pouvaient lui adressé n’attirèrent pas son attention. D’une part, parce qu’il était un peu trop habitué à cela, même s’il trouvait toujours très flatteur de voir qu’il pouvait plaire à la gente féminine, et d’autre part, parce qu’aucune femme ne trouvaient suffisamment grâce à ses yeux pour attirer réellement son regard sur elle..

A vrai dire, la seule chose qui attira son regard fut l’enseigne d’un café. Il s’arrêta devant, réfléchissant. Un coup d’œil à son montre suffit à lui faire comprendre qu’il avait prit son petit-déjeuner près de 2h plus tôt déjà. Cela le convainquit de céder à son désir de caféine... Il entra donc dans le commerce, dont il n’en ressortit que quelques minutes plus tard, son café à la main.

Comme à son accoutumée, le barman écoutait une musique en rapport avec son état d’esprit, et le titre qu’il écoutait en ce moment était une chanson de Kris Allen : I need to know. Et oui, le pauvre avait grandement besoin de savoir pourquoi Jules l’avait quitté pour son frère. Qu’est-ce qu’Oliver avait de plus que lui à offrir à la jeune femme ? Quand est-ce que la flamme de leur amour s’était éteinte ? Pourquoi n’a-t-il rien vu venir ? Etait-il tellement bien à ses côtés qu’une tempête aurait pu se déclencher en face de lui sans qu’il puisse la voir ?

L’américain était tellement perdu dans ses pensées qu’il ne voyait même plus où il marchait. Et, visiblement, quelque chose ou quelqu’un, là-haut, devait penser qu’il avait beaucoup trop de choses ce matin, pour marcher sans faire attention à où il mettait ses pieds, sans même avoir percuté quelqu’un. Alors, qu’on se réjouisse : c’était maintenant chose faite ! C’est en ronchonnant que le jeune homme revint donc à lui, après s’être prit la moitié qui restait de son café dans son gobelet sur lui... Et, croyez-moi, du café chaud, sur le torse, c’est loin d’être une partie de plaisir !

« Désolé », bougonna-t-il, toujours grognon.

C’est alors qu’il détourna la tête de son t-shirt qui était bon à jeter, pour voir que la personne qui se trouvait en face de lui lui était douloureusement familière... Et pour cause, il s’agissait de celle qui hantait chacun de ses pas depuis des années : Jules Wilder. Son visage changea alors rapidement d’expression : de grognonne, elle passa à la surprise teintée de joie et de peine. Mais rapidement, son visage se teinta d’impassibilité. Certes, il était content de la retrouver, même si les retrouvailles ne se passaient pas comme il l’avait escompté, mais il n’allait tout de même pas lui sauter au cou, après le mal qu’elle lui avait fait ?

« Oh, Jules... Navré pour la bousculade... Tu sais ce que c’est : la tête en l’air, alors contrôler où les pieds se posent, c’est pas évident ! »

D’un œil discret, il observa la blondinette. Si elle avait changée physiquement, une chose n’avait pas changée : l’impression d’être enfin lui, à ses côtés... Et ce constat était plutôt amer pour Cameron, même s’il s’était attendu à le faire...

Il guettait également les moindres traces, sur le visage de sa belle, qui pouvait le guetter sur ce qu’elle ressentait, en ce trouvant devant lui : était-elle agréablement surprise, troublée, énervée... ? Bref, tout ce qui indiquerait que le fait de se retrouver face à son ex ne la laisse pas de glace ! Même l’idée qu’Oliver puisse être dans les parages n’effleura pas l’esprit du barman, dont le cerveau semblait être bien décidé à fonctionner au ralentit, en présence de la blondinette. Contrairement à son cœur, qui semblait avoir attendu que Cameron se retrouve en face d'elle pour se souvenir comment tambouriner à toute vitesse, tant et si bien que le jeune homme craignant que l'on entende son cœur à l'autre bout de la terre...

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
✖Cameron & Jules✖
« i need to know »

Installés dans l’herbe, Oliver et Jules profitaient du moment présent. Agréablement installée sur son torse, elle fermait les yeux et ne voulait penser à rien d’autre. Juste au bonheur qu’elle ressentait d’être là, heureuse. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas pu profiter de l’homme qu’elle aimait et peu à peu, elle avait senti que quelque chose devait changer ou elle risquait de baisser les bras. Finalement, la belle éditrice était heureuse d’avoir été patiente parce que ce voyage à Buenos Aires était tout simplement magique. Oliver était tel qu’il avait toujours été : charmant, attentif, amoureux et aux petits soins pour elle. La complicité qui les unissait et qui avait fini par disparaître cette année était revenue et les disputes s’étaient évaporées. Les tensions n’avaient plus raison d’être depuis qu’ils étaient ici et depuis qu’Oliver avant enfin réussi à lancer son affaire. Jules espérait sincèrement que leurs problèmes ne venaient que de cette affaire qu’il était occupé à monter. Et, à les voir si complices à nouveau, il était clair que le stress que provoquait l’ouverture d’une affaire jouait sur l’humeur des deux amoureux. Souvent, Oliver rentrait chez eux très remonté et cela provoquait une dispute entre eux. Vers la fin, ils ne supportaient presque plus de se retrouver dans une même pièce lorsqu’Oliver passait toute sa journée au boulot. Alors qu’ils profitaient de la douce brise et du soleil brûlant sur leur peau, le jeune homme se releva doucement, prenant soin de ne pas brusquer sa petite amie.

« Je vais nous chercher à boire, tu veux quelque chose d’autre avec ? »
« J’veux bien quelques macarons ! »

Alors qu’elle venait à peine de dire cela, son estomac gargouilla même si cela faisait à peine une heure qu’elle avait déjà mangé. Cela fit rire le jeune homme qui se mit en route non sans avoir posé un baiser à sa belle et tendre. Celle-ci soupira de plaisir avant de se recoucher dans l’herbe. A cette heure-ci, on entendait les rires des enfants qui dinaient dans l’herbe avec leurs parents, on entendait les jeunes rirent tandis qu’ils s’amusaient comme pouvaient le faire des adolescents. Tous ces bruits finirent par endormir la blondinette dont le sourire ne s’effaçait toujours pas. Elle était tout simplement heureuse d’être là maintenant…

Lorsqu’elle se réveilla, elle était toujours seule. Elle regarda sa montre et elle remarqua que cela faisait une heure qu’il était déjà parti. La belle éditrice fronça les sourcils et ramassa ses affaires pour aller voir ce qu’il fabriquait. Oui, le café où il était parti n’était pas tout près mais il ne fallait pas une heure pour qu’il aille chercher à boire. Il se passait un truc ou il avait été arrêté par quelque chose. Elle se mit en route, un peu stressée, se demandant réellement s’il ne lui était pas arrivé quelque chose. Tellement prise par les scénarios qui se bousculaient dans sa tête qu’elle percuta quelqu’un de plein fouet…

« Désolé ! »

Fit une voix familière à l’oreille de la belle Jules. Immédiatement, elle leva la tête vers celui qui venait de parler… Elle ne s’était pas trompée, il s’agissait de Cameron, le frère d’Oliver et accessoirement son ex-petit-ami. En réalité, elle avait rencontré son petit ami actuel par le biais de Cameron, son grand-frère. Il n’avait pas encore relevé la tête vers elle et elle était incapable de dire quoique ce soit. Depuis la fois où elle avait rompu avec lui, elle ne lui avait plus vraiment parlé, il passait son temps à les éviter, elle et Oliver. Elle le comprenait, elle n’aurait pas forcément apprécié cela. Enfin, le jeune homme releva le visage et celui-ci passa de la surprise à l’indifférence… Un peu comme son propre visage lorsqu’elle avait compris de qui il s’agissait. Elle se sentait mal par rapport à ce qu’elle lui avait fait mais surtout, le revoir lui faisait un sacré choc… Tous les bons souvenirs qu’elle avait eus avec lui, lui revint en tête. Et là encore, elle fut incapable de dire quoique ce soit.

« Oh, Jules... Navré pour la bousculade... Tu sais ce que c’est : la tête en l’air, alors contrôler où les pieds se posent, c’est pas évident ! »

Il observait la jeune femme et il attendait certainement qu’elle dise quelque chose mais rien ne lui venait en tête, elle était un peu perturbée par cette rencontre impromptue. Enfin, un son sortit de sa bouche :

« C’est plutôt à moi de m’excuser, j’aurais dû regarder où j’allais ! »

Dit-elle avec un franc sourire, elle ne voulait pas avoir l’air plus perturbée que cela, il se poserait certainement des questions. Il fallait qu’elle fasse comme si de rien n’était et une question la perturbait :

« Mais dis-moi, qu’est-ce que tu fais là ? Je n’aurais jamais cru tomber sur toi ici ! »

Clairement, elle n’était pas venue à Buenos Aires en pensant qu’elle tomberait nez-à-nez avec son ex-petit ami. Et surtout qu’elle aurait pu être si perturbée en le voyant là devant lui…

code by shiya.

Inutile de dire à quel point Cameron, déjà bien distrait précédemment, n’avait guère d’attention à accorder au paysage. Et pourtant, le parc était magnifique, et encore plus sous le soleil, tant et si bien que quelques personnes avaient décidées de s’y balader. Certains étaient même venu en famille, les enfants s’amusant à courir dans l’herbe, parfois jouant avec leur chien. En d’autres circonstances, peut-être que le barman aurait eu envie d’y flemmarder, et même d’y ramener un jour sa guitare, afin de s’y exercer. Il aimait beaucoup, en effet, jouer de la guitare là où l'envie l'en prenait, parce qu'il cela l'inspirait parfois, mais également parce que c'était un bon moyen pour draguer les filles ! Mais, pour l’heure, son esprit était complètement tourné vers la charmante blondinette qui lui faisait face, et qui éclipsait tout ce qui entourait Cameron. Même l’idée que son baladeur ait pu être touché par la vague soudaine de caféine ne lui effleura pas l’esprit. Tout bien réfléchit, on peut même se demander comment Cameron faisait pour être debout, tant son cerveau était en pause... Il semblait en réalité n’attendre qu’une chose pour fonctionner à nouveau correctement, et pas qu’à moitié : que Jules parle enfin. Qu’il ait ainsi la preuve que ça n’était pas un énième tour que son imagination lui faisait, même si l’américain savait au fond de lui que cette fois, ça n’était pas un vague fantôme envoyé par son subconscient que se dressait face à lui, mais bel et bien celle qui l’avait fait voir la vie autrement, avant de lui montrer à quel point il avait raison : la vie est souvent cruelle...

« C’est plutôt à moi de m’excuser, j’aurais dû regarder où j’allais ! »

Un sourire amusé étira les lèvres de Cameron, qui savait que ce petit jeu de : « Je m’excuse ! » pouvait encore durer des heures. C’est pourquoi il décida de ne pas continuer sur la lancée, tous deux étant en tort dans cette collision. Au fond de lui, toutefois, il était plutôt heureux de cette rencontre imprévue, lui qui n’était venue ici que pour cela ! En effet, il se voyait plutôt mal déboulé à l’hôtel où séjournait le couple pour demander à parler à la jeune femme...

« Mais dis-moi, qu’est-ce que tu fais là ? Je n’aurais jamais cru tomber sur toi ici ! »

Bien évidement, il fallait que la question arrive à un moment où à un autre, qui mettait Cameron face à un choix : inventer n’importe quoi, ou raconter la vérité. Et comme notre ami n’aimait pas faire les choses comme tout le monde, il choisit de faire un mix des deux, pour déclarer finalement :

« Un petit séjour avec Liam », expliqua-t-il en mentionnant son meilleur ami, que Jules avait connu, et qui était riche et qui appréciait voyager, emmenant Cameron avec lui dès que celui-ci voulait bien cesser de travailler. « J’aurais pu l’annuler lorsque ma mère m’a dit que mon cher frère voulait te faire la surprise de t’amener ici, mais... Je me suis dis que, quitte à se croiser potentiellement, autant que cela se fasse dans un cadre plus neutre... »

Certes, ça n’était pas l’entière vérité, mais Cameron préférait s’en tenir à ce mensonge plutôt que d’avouer à Jules qu’il n’était venu ici que pour la reconquérir... Qu'il voulait comprendre pourquoi elle ne lui avait pas donner une chance de la convaincre de le choisir, ni qu'il avait l'impression d'avoir un vide béant depuis leur rupture, et qu'il pense régulièrement aux moindres instants qu'ils ont partager....

« Mais je dois admettre que même si je savais qu'on risquait de se rencontrer, je ne m’attendais pas à te croiser si rapidement... »

Il semblait sincèrement amusé, mais son amusement se dissipa, lorsque, tout en jouant avec son gobelet à présent vide, son bras fit la rencontre du fil de ses écouteurs, ramenant ainsi à son esprit la présence de son baladeur... Fronçant les sourcils, il regarda rapidement dans quel état se trouvait celui-ci, sentant bien qu’il n’appréciait guère de le voir complètement anéantit, car il ne passait que bien peu d’heures sans écouter de musique, même au boulot... Il poussa un soupir de soulagement en constatant que, visiblement, il avait encore un semblant de bonne étoile, car son baladeur avait été épargné par le jet de café...

Content de cela, il regarda alors à nouveau la jeune femme, avant de lui poser une question qui lui brûlait les lèvres depuis qu’ils s’étaient croisés :

« T’es... seule ? »

Bien entendu, il essayait de savoir si son petit frère était là. Mais il s’était juré de ne plus jamais prononcer le prénom de celui-ci, sauf grande urgence... Et il s’y tenait : depuis 5 ans, il n’avait plus jamais évoqué Oliver par son prénom, mais par leur lien de parenté, ou diverses insultes qui lui venait à l’esprit, par rapport à ce qu’il avait osé lui faire de par le passé...

Quiconque ayant la capacité de lire les émotions des gens pourrait voir à quel point Cameron était perturbé à l’idée de croiser son frère. Lorsqu’il envisageait ses retrouvailles avec Jules, il avait toujours bannit la perspective qu’Oliver puisse se trouver dans les parages. Il n’avait en effet guère envie de le voir serrer Jules dans ses bras... Cependant, rien ne le laissait paraître, Cameron semblait fidèle à lui-même : imperturbable... En fait, seul Liam pourrait deviner les émotions qui agitaient en cet instant son meilleur ami, tant le duo parvenait à lire dans les pensées de l’autre... Et il ne fait aucun doute que si Cameron venait à devoir croiser Oliver, son impassibilité serait alors mis à rude épreuve, et qu'il aurait comme une furieuse envie de se jeter sur ce crétin qui avait ruiner tous les projets d'avenir qu'il avait à l'époque.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
✖Cameron & Jules✖
« i need to know »

Cameron était une histoire ancienne que Jules s’efforçait d’oublier parce qu’elle n’était pas fière de ce qu’elle avait fait. Pendant un mois, la jeune femme avait trompé ce dernier avec son petit frère et au final, elle l’avait choisi et laissé tomber le beau brun sans réel ménagement. En plus de lui avoir brisé le cœur, elle était consciente d’avoir aussi brisé le lien de fraternité qui liait Cameron et Oliver. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la blondinette n’avait pas pris cette décision de gaité de cœur et surtout, ça n’avait pas été une décision facile. Parce qu’elle tenait réellement à Cameron et à l’époque, elle l’aimait encore. Malheureusement, il lui semblait encore plus aimer son petit frère et qu’il était l’homme de sa vie. Jules pensait que l’histoire entre Cameron et elle était terminée et qu’elle devait avancer et suivre ce que son cœur lui dictait. Et c’était Oliver qu’il voulait suivre, c’était Oliver qui hantait ses pensées à présent, plus Cameron. Depuis cette décision qu’elle avait prise cinq ans plus tôt, elle n’avait pas vraiment regretté son choix, elle était heureuse et ne pensait que rarement à Cameron. Néanmoins, quand elle le faisait, c’était pour penser à tout le mal que cela avait engendré, son cœur brisé, sa relation brisée avec son frère. En tant que grande sœur, elle savait qu’elle serait effondrée si elle apprenait que l’une de ses petites sœurs était avec Oliver. Pourtant, le revoir lui faisait un choc et tout ce qu’elle avait vécu avec lui et qu’elle avait enfoui lorsqu’elle avait fait son choix lui revinrent en tête et elle fut submergée par des sentiments qu’elle ne croyait plus d’actualité depuis longtemps… S’était-elle trompée ? Aurait-elle continuellement des sentiments pour les deux frères ? Non, ce n’était pas en un regard qu’elle pouvait ressentir des choses qu’elle ne ressentait plus depuis longtemps ? Se pourrait-il, qu’en réalité, elle n’avait jamais cessé de l’aimer finalement ? La blondinette devait éviter de penser comme cela, ce n’était pas bon signe. Aujourd’hui, elle avait tiré un trait sur Cameron, ce qu’il avait certainement dû faire aussi depuis le temps et elle était heureuse avec Oliver… Le jeune homme ne réagit pas lorsqu’elle s’excusa à son tour, ce qui n’était pas plus mal, ils auraient pu s’excuser pendant des heures.

« Un petit séjour avec Liam ! »

Lui dit simplement Cam lorsqu’elle lui demandait ce qu’il faisait à Buenos Aires. Parce qu’il était clair qu’elle ne pensait pas tomber sur lui à des kilomètres de chez eux. A Boston, ils arrivaient à ne jamais se croiser et il leur suffisait d’être dans un pays étranger pour se croiser. Liam, le meilleur ami de Cameron et le meilleur acolyte du jeune homme que Jules avait bien connu lorsqu’ils étaient ensemble. A l’époque, elle s’entendait à merveille avec lui mais elle ne doutait pas qu’aujourd’hui, il ne devait plus la porter dans son cœur.

« J’aurais pu l’annuler lorsque ma mère m’a dit que mon cher frère voulait te faire la surprise de t’amener ici, mais... Je me suis dis que, quitte à se croiser potentiellement, autant que cela se fasse dans un cadre plus neutre... »

Donc, il savait qu’ils risquaient de se rencontrer, preuve qu’il avait enfin tourné la page ? Jules n’aurait su le dire, elle ne lui parlait guère depuis cinq ans. En réalité, c’était la première fois où ils se revoyaient depuis leur rupture fracassante.

« Mais je dois admettre que même si je savais qu'on risquait de se rencontrer, je ne m’attendais pas à te croiser si rapidement... »

Pour sa part à elle, la blondinette ne pensait même pas tomber sur lui aussi loin de Boston… Elle eut un petit sourire en pensant à cela.

« Moi, je ne m’attendais pas à tomber sur toi tout court ! Comment vas-tu et comment va Liam ? »

Demanda-t-elle sincèrement, elle se posait régulièrement la question et enfin, elle avait l’occasion de lui demander. Alors qu’elle parlait, il se rendit compte que son lecteur pouvait avoir été touché par l’accident de café, il regarda rapidement pour voir ce qu’il en était et poussa un soupir de soulagement tandis que blondie regarda à son tour les dégâts qu’avait provoqué leur bousculade.

« T’es... seule ? »

Cette question la décontenança, elle ne s’y attendait pas mais elle savait de qui il parlait : Oliver. Pourquoi ne lui demandait-il pas directement si son frère était dans les parages. Sans se départir de son sourire tout de même, elle répondit :

« J’allais justement à sa rencontre, il est parti nous chercher à manger il y a une heure et je m’inquiète un peu ! »

Finit-elle par lui dire sincèrement. Elle n’avait aucune envie de lui mentir sur quoique ce soit, elle avait bien assez menti au jeune homme, elle voulait maintenant être sincère avec lui…

code by shiya.

Spoiler:

A plusieurs reprises au cours de ces cinq dernières années, Cameron avait sérieusement pensé à quitter Boston. Changer de ville, pour changer de vie. Bien des fois, il avait faillit le faire, croyant devenir fou à chaque fois qu’il passait devant un restaurant dans lequel il avait dîné avec Jules, ayant une folle envie de frapper dans le mur lorsqu’il se retrouvait dans une rue remplit de souvenirs en sa compagnie. Tout à Boston n’avait de cesse de la ramener à elle, comme si on ne voulait lui accorder aucun répit à sa souffrance. Il savait que rester à Boston n’était pas judicieux. Et pourtant, il avait choisit d’y vivre. Après tout, c’était à Boston qu’il avait grandit. C’était à Boston qu’il s’était débattu pour se contruire, avec une mère célibataire et un petit frère né d’un viol. C’était à Boston que vivait sa mère, ici que se trouvait son meilleur ami. Bref, c’était à Boston que se trouvait sa famille, que ce soit de sang, ou de cœur, car, rappelons-le, Cameron ne considérait plus Oliver comme son frère à présent. Toutefois, il s’arrangeait toujours pour avoir des nouvelles de lui, par l’intermédiaire de leur mère, même s’il bougonnait à chaque fois qu’elle lui parlait de lui, prétextant n’accorder plus aucune importance à la destinée d’Oliver. Au fond, cependant, il n’en était rien. Bien entendu, Cameron méprisait à présent Oliver. Bien entendu, il ne voulait plus le voir, ni même lui parler, ou encore l’entendre. Néanmoins, il restait son frère, et il avait toujours été très protecteur envers lui, veillant sur lui en permanence. De ce fait, il aimait à garder un œil sur lui. Même si c’était un œil très discret, et très douloureux. Oui, Cameron est parfois du genre à aimer se torturer, mais que voulez-vous, après tout, on ne peut pas avoir passé toute son enfance à ne vivre que pour sa famille, pour finalement tirer un trait sur l’un de ces membres ? Même si celui-ci vous a fait le pire des outrages qui soit... Non, Cameron n’était pas ce genre d’homme. Cependant, n’allez pas croire qu’il se sentait capable de pardonner à Oliver, et de concevoir qu’ils puissent, un jour, reprendre leur relation fraternelle... Non, ça, c’était au-dessus de ses forces... Déjà qu’il lui était bien difficile d’admettre qu’il était toujours autant amoureux de Jules... Une partie de lui venait souvent à se demander si Cameron n’était pas un peu dérangé, d’ailleurs...

« Moi, je ne m’attendais pas à tomber sur toi tout court ! Comment vas-tu et comment va Liam ? »

Cameron aurait donné tout ce qu’il possédait afin de pouvoir déchiffrer les pensées de la belle. Autrefois, il y parvenait. Enfin, il croyait y réussir, car il n’avait pas vu qu’elle s’éloignait peu à peu de lui pour se rapprocher de son frère, au point d’en tomber amoureuse... Mais il n’avait pas été le seul dans ce cas : Liam aussi n’avait rien vu venir. Certes, il était moins proche de Jules que lui, mais il avait été ami avec elle. Et rien... Aucun n’avaient vu les signes avant-coureurs de deux personnes qui tombent sous le charme l’une de l’autre.

« Ca va ! Le bar marche plutôt bien », déclara-t-il avec un petit sourire aux lèvres, comme à chaque fois qu’il parlait de son bar, qui était devenu sa fierté, grâce à beaucoup d’acharnement pour faire tourner le commerce de manière très correcte. « Donc, je n’ai pas trop à me plaindre ! Et Liam... Bah, c’est Liam, toujours à bosser et à me materner ! »

Une lueur d’amusement passa dans son regard. Depuis qu’il connaissait William, les deux avaient toujours été du genre à veiller l’un sur l’autre, en toutes circonstances. D’ailleurs, William avait, à maintes reprises, empêcher Cameron de laisser son impulsivité prendre le dessus ! Heureusement que Liam était un peu plus modéré que son ami. Oui, j’ai bien dis un peu, parce qu’il ne faut pas croire que l’anglais est un ange non plus... Toutefois, il est heureux que William soit encore présent dans la vie de Cameron, car celui-ci le considère comme le seul pilier de stable dans sa vie chancelante, son seul repère dans l’obscurité de son existence... Cela était sans compter sa mère, bien entendu, pour qui Cameron avait toujours voué une sincère admiration, et aimait beaucoup. Mais il ne pouvait pas se confier à sa mère autant qu’il le faisait avec Liam ! William avait vraiment beaucoup aidé Cameron, depuis qu’ils se connaissaient. Il l’avait aidé à faire le deuil de ce père qu’il ne connaîtra jamais, aidé à veiller sur Oliver... Mais il l’avait surtout aidé à se reconstruire tant bien que mal, après sa rupture avec Jules. Ce qui n’était pas facile, et qui, tout bien réfléchit, n’était pas possible, tant Cam avait été brisé, ce jour-là... Souvent, il se comparait à une maison qui a affronter la pire des tempêtes, et qui est irréparable. Les propriétaires, parce qu’ils y sont attachés, tentent de la reconstruire, mais elle reste chancelante... Cameron doutait d’ailleurs de parvenir à se reconstruire totalement, un jour...

Après s’être rassuré de l’état de son baladeur, Cam interrogea Jules pour savoir si Oliver était dans les parages. Bien entendu, il s’attendait à ce que ça soit le cas. Le couple n’était-il pas venu pour passer des vacances en amoureux ? Et, à moins qu’Oliver n’ait une notion complètement étrange des vacances en amoureux, il ne devait pas être loin de sa belle... Surtout que le but de ce petit séjour était, selon les dires de la mère de Cam, de calmer les tensions existantes entre Oliver et Jules. Et de permettre à Oliver de demander Jules en mariage... Rien qu’à cette pensée, le cœur de Cameron eut un raté, comme s’il trouvait inenvisageable que Jules puisse passer le restant de sa vie avec Oliver, alors qu’il ne battait que pour elle. Le rêve de Cameron, lorsqu’il était encore avec Jules, avait été de lui demander sa main. Rien ne lui aurait alors fait plus plaisir que de la voir porter le nom de famille Mitchell... Mais pas de cette manière, pas pour être avec Oliver et fonder une famille avec lui... Non, là, c’est clair et net, ça serait au dessus des forces de Cameron, qui se demandait souvent comment il trouvait la force, au jour le jour, de continuer à vivre en oubliant la plaie béante qui gisait dans son cœur et qui refusait de guérir... Non, si elle devait devenir Mme Mitchell, ça sera pour l’épouser lui, et non son frère. Comme ça aurait dû être le cas, s’il avait eu le temps de demander à la belle de s’engager avec lui pour la vie. Car oui, à l’époque, il l’avait sérieusement envisagé. Tant et si bien qu’il avait même acheté la bague, et préparer sa demande. Mais il n’avait pu le faire, car Jules avait rompu, lui avouant l’horrible vérité. Et avoir lu dans ses yeux qu’elle lui préférait Oliver avait ôté à Cameron toute envie de faire sa demande, sachant pertinemment que cela n’aurait rien changé à la décision que la blondinette avait prise, et aurait même rendue la situation encore plus difficile... Peu de personnes sont au courant de cette demande jamais formulée, car Cameron avait opéré dans le plus grand secret. A vrai dire, seul Liam était au courant, et l’anglais avait bien failli en parler à Jules, lors de la toute dernière entrevue entre le jeune architecte et miss Wilder... Toutefois, sachant que Cameron n’aurait pas apprécié, il n’en avait rien fait. Par la suite, il avait accompagné son ami jeter sa bague dans l’eau, tout comme Cam avait eu l’impression qu’on avait jeté son cœur dans cette histoire...

« J’allais justement à sa rencontre, il est parti nous chercher à manger il y a une heure et je m’inquiète un peu ! »

Cameron avait vu juste... Fort heureusement, apparemment, Oliver n’était pas dans les environs proches... Ce qui, en un sens, était assez inquiétant, car, à en croire Jules, il était partit depuis un moment déjà. A quoi jouait-il, cet imbécile, à laisser sa petite amie en plan, sans explication ? Cameron préféra ne pas y penser, ne voulant s’inquiéter pour celui qui lui avait causé tant de souffrances... Cet idiot ne méritait pas que Cam se soucie de son sort !

« Tu devrais essayer de le joindre sur son portable, il est peut-être bloqué en train de faire la queue pour vous ramener de quoi manger... »

Et voilà qu’il essayait maintenant de rassurer Jules sur le sort d’Oliver, alors qu’il s’en fichait complètement. En fait, ça ne le dérangerait guère, si Oliver disparaissait vraiment... Bon, peut-être que si, au fond, ça le dérangerait, car s’il méprisait son frère, il ne lui souhaitait pas non plus du mal à ce point-là ! D’une, pour leur mère. La pauvre, elle n’avait jamais eu de chance dans la vie, mais si elle venait à perdre l’un de ses fils, il ne fait aucun doute qu’elle n’y survivrait pas, elle qui ne supportait déjà pas qu’ils ne se parlent plus ! De deux, pour Jules. Elle aussi, elle serait anéantit ! Et de trois, parce que, bon sang, ils étaient frères...

Un sourire réconfortant naquit alors sur ses lèvres, alors qu’il essayait de prendre un air décontracté pour rassurer Jules. Il n’avait guère envie de l’inquiéter, ni même de se montrer trop rancunier envers Oliver, sachant pertinemment qu’une telle attitude énerverait la belle, et risquerait de couper toute envie à celle-ci de rester en sa compagnie... Hors, à présent que Cam l’avait retrouver, il n’avait pas l’intention de laisser partir si vite, il comptait bien encore pouvoir lui parler, afin de réussir, durant le séjour, à lui dire tout ce qu’il n’a eu de cesse de ressentir pour elle. Et qui sait, peut-être qu’en passant du temps ensemble, Jules comprendra qu’elle s’est trompée ? Oui, on peut toujours rêver... Mais l’espoir fait vivre, et l’espoir, c’est tout ce qu’il reste à Cam, à présent...

« A moins que tu ne préfères partir maintenant à sa recherche. Ce que je comprendrais ! »

Il haussa les épaules, comme si la perspective de la voir partir si vite ne lui était pas tout bonnement insupportable ! Il essayait de se la jouer aussi cool qu’à l’époque où il venait de rencontrer la belle, et où ils apprenaient lentement à mieux se connaître. Cette époque où il a réalisé qu’il ne pourrait plus se passer d’elle, pour la simple et bonne raison qu’elle était son oxygène... Cette époque où il cherchait comment l’inviter à dîner avec lui... Cette époque béni où il ne savait pas que le pire l’attendait, qu’à cause d’elle, l’enfer aurait pour lui un goût de paradis...

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
✖Cameron & Jules✖
« i need to know »

La rencontre de la belle Jules avec Cameron la chamboulait, bien plus qu’elle n’aurait cru. Depuis leur rupture, il y a cinq ans, la blondinette ne l’avait jamais revu, il ne venait plus aux réunions de famille lorsqu’Oliver était là. Et dans une ville aussi grande que Boston, il était facile de ne pas croiser quelqu’un que l’on connaissait. Si Cameron s’évertuait à éviter Jules et Oliver, ceux-ci le faisaient également. Jamais, ils ne se promenaient du côté de la maison du grand frère Mitchell, jamais ils ne se perdaient près du bar qu’il avait monté avec Liam. Ils en apprenaient sur sa vie parce que la mère d’Oliver leur parlait de ce qui se passait dans sa vie mais ce n’était jamais directement qu’ils en apprenaient sur l’évolution du jeune homme. Tous deux savaient combien il avait été touché par cette rupture et il était hors de question pour eux de s’afficher en couple heureux devant lui. Oliver et Jules s’en voulaient déjà assez comme cela d’avoir trahi Cameron pour ne pas en rajouter. Bien qu’elle ait choisi le cadet des Mitchell, elle n’en restait pas moins attachée à l’aîné et avait redouté le moment de lui annoncer sa décision. C’était certainement ce qui l’avait poussée à ne rien dire pendant un mois et de sortir avec les deux frères ensembles. S’il y avait beaucoup de choses pour lesquelles était fière la blonde, le fait d’être sorti avec deux mecs en même temps et d’avoir brisé le cœur de l’un des deux n’en faisait pas partie. Plusieurs fois, l’éditrice s’était demandé ce qu’elle ressentirait de le revoir, elle ne s’était pas attendue à cela. Miss Wilder ne s’attendait pas à voir ses sentiments chamboulés, elle ne s’attendait pas à avoir le cœur qui bat à tout rompre rien qu’en regardant le jeune homme. Se pouvait-il que réellement, elle l’aime encore ? Était-elle incapable de faire un choix entre les deux frères Mitchell ? Néanmoins, il y a cinq ans, elle avait fait son choix et elle ne pouvait pas, à nouveau chambouler la vie entière de deux frères.

« Ca va ! Le bar marche plutôt bien »

Lâcha-t-il, un sourire aux lèvres tandis que la belle Jules l’imita. La mère des deux frères parlait souvent avec fierté de la réussite du frère aîné qui faisait sa propre fierté. Ce qui faisait plaisir à la blondinette qui percevait cette fierté dans le regard du jeune homme.

« Donc, je n’ai pas trop à me plaindre ! Et Liam... Bah, c’est Liam, toujours à bosser et à me materner ! »

Jules baissa la tête tout en rigolant à cette évocation. Liam avait toujours été comme cela avec Cameron. Si ce dernier était celui qui s’occupait de toute sa petite famille, celui qui se préoccupait de tous ses membres – ce qui l’avait rapproché énormément de la blonde – Liam était là pour se préoccuper, lui, du bien-être du jeune homme. A l’époque où ils sortaient ensemble, c’était aussi le rôle que se donnait la blondinette mais il ne restait plus que Liam pour le protéger. Cam refuserait certainement que celle qui lui a brisé le cœur s’occupe de son bien-être.

« Il faut bien qu’il y ait quelqu’un pour se préoccuper de toi ! Tel que je te connais tu dois encore faire passer les autres avant toi ! »

S’il n’avait pas changé du tout au tout, Cameron devait encore être tel qu’elle l’avait connu : protecteur, se préoccupant de ceux qu’il aimait avant son propre bien. Derrière la carapace qu’il se forgeait déjà il y a dix ans, celle d’un dragueur se moquant de tout, il y avait vraiment quelqu’un de bien, quelqu’un qui méritait d’être connu et qui faisait tout ce qu’il pouvait pour le bien d’autrui. Puis, le jeune homme lui demanda si elle était toute seule, insinuant qu’il se demandait si Oliver était avec elle. Parce que l’éditrice se doutait qu’il devait savoir qu’ils étaient ici en amoureux.

« Tu devrais essayer de le joindre sur son portable, il est peut-être bloqué en train de faire la queue pour vous ramener de quoi manger... »

Comment n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? Au lieu de se monter la tête et se faire des films, lui téléphoner aurait été plus facile que d’aller le chercher. Il lui souriait tandis qu’elle sortait son portable pour composer son numéro quand il rajouta :

« A moins que tu ne préfères partir maintenant à sa recherche ! Ce que je comprendrais ! »

Dit-il en haussant les épaules, elle lui fit un sourire pour lui montrer qu’elle le remerciait tandis qu’elle lui dit avant de téléphoner :

« Je vais lui téléphoner pour voir déjà où il est, j’improviserais après ! »

S’il ne répondait pas, elle s’inquiéterait certainement, s’il répondait, qu’allait-elle faire ? L’inviter à discuter autour d’un verre ? Si Oliver voyait cela, il ne serait pas très content et en même temps, elle n’avait pas envie de le planter là, elle voulait lui parler, cela lui avait tellement manqué. Maintenant qu’elle le voyait en face d’elle, Jules comprenait combien il lui avait manqué… Son côté réconfortant, son côté protecteur, tout cela, elle le retrouvait chez Oliver mais c’était différent… La jeune femme s’éloigna un peu de Cameron tandis qu’elle laissait sonner le portable d’Oliver. Une sonnerie, deux, trois, rien… La jeune femme s’inquiéta mais retenta une fois. Il mit quatre sonneries à répondre cette fois… Un peu à l’écart, elle lâcha :

« Dis donc, tu en mets du temps pour aller chercher à boire à l’épicier du coin ! »

Son ton n’était pas vraiment colérique, il était surtout soulagé et l’on pouvait distinguer même un petit sourire dans sa voix.

« Je me suis perdu et puis, quand je suis arrivée, il y avait une file ! J’ai cherché un autre café, c’était fermé, j’en ai recherché encore un, rebelote ! Je suis donc retourné sur mes pieds ! Je voulais te faire une surprise en t’apportant un dessert que l’on ne fait que dans ces deux cafés ! J’aurais dû m’arrêter à ce que tu m’avais dit et j’t’aurais pas fait attendre ! »

Dit-il d’un ton penaud tandis que la blondinette se mit à rigoler d’entendre tout cela. Tout simplement, elle dit :

« C’est adorable mais ce n’est pas grave ! La prochaine fois, préviens-moi que tu es toujours en vie, j’ai un peu flippé en voyant le temps que tu mettais ! »
« Promis ma belle ! Je t’aime ! »
« Je t’aime aussi ! »

Dit-elle sur un ton plus discret pour éviter à Cameron de l’entendre. Puis, elle raccrocha et se tourna vers le barman pour lui expliquer la situation :

« Il s’est perdu et après comme tu l’as deviné, la file était immense ! »

Jules ne savait pas trop quoi faire maintenant, devait-elle mettre fin à leur conversation ? C’était peut-être le mieux mais elle n’avait pas vraiment d’en rester là, sur cette petite discussion.

« Est-ce que tu as un petit temps pour une glace ? Je meurs de faim et même si je l’ai envoyé chercher aussi à manger, j’ai trop faim ! »

Lâcha-t-elle en désignant un petit marchand de glaces qui se trouvaient au coin de la rue. Puis, un peu gênée, elle lâcha :

« Enfin, je ne veux pas te retenir, tu as sûrement d’autres choses à faire que de me tenir compagnie ! »

Elle n’avait pas envie de l’obliger à rester, peut-être n’avait-il pas envie de parler plus longtemps avec son ex… ?

code by shiya.

Spoiler:

Lorsque Cameron avait reprit le bar, tout le monde lui avait dit que c’était vraiment du n’importe quoi, très risqué, une véritable perte d’argent, en somme. Il est vrai qu’à l’époque, le bar connaissait une baisse de popularité, mais Cameron aimait cet endroit. Il avait tout fait pour pouvoir le racheter, et le rendre un peu plus réputé. Certes, il ne l’avait pas rendu le plus populaire de Boston, mais il l’avait tout de même rendu un peu plus tendance, plus jeune. Pas mal d’étudiants y venaient régulièrement. Ce qui permettait à Cameron, de plus, de pouvoir draguer de séduisantes jeunes filles ! Et oui, que voulez-vous, Cameron n’allait pas se refaire, c’était un dragueur, et ça avait encore empirer au cours des dernières années, tant et si bien qu’il ne comptait même plus combien il avait eu de conquêtes, mais il était certain que le chiffre était capable de déprimer bons nombres de mecs qui ramaient avec les filles ! Tout ça pour dire qu’il était compréhensible que Cameron soit fier de son bar. Ca lui avait permit de faire taire les mauvaises langues qui, durant son adolescence, lorsqu’il avait prit la décision d’arrêter les cours, n’avaient eu de cesse de dire qu’il n’arriverait à rien, qu’il échouerait dans sa vie professionnelle ! Certes, il n’avait jamais écouté ces mauvaises langues, sachant qu’il réussirait bien à se débrouiller. Après tout, il avait réfléchit avant d’arrêter les cours, et était courageux, débrouillard, et travailleur, donc, son profil était plutôt intéressant. D’ailleurs, c’est ça qui avait convaincu l’ancien propriétaire du bar de le lui vendre, car il savait que Cameron pourrait faire revivre le bar. Il ne fait aucun doute que le soutien de Liam y avait été pour beaucoup, et ça, Cameron lui en sera toujours éternellement reconnaissant. Même lorsque les difficultés survenaient, Liam était là, présent pour Cameron, et croyant en ses capacités.

Un fin sourire étira les lèvres du barman lorsque Jules lui fit savoir qu’il fallait bien que quelqu’un veille sur lui. Et avec Liam, il était servit, parce que dans le genre mère poule, il assurait vraiment ! Remarquez, Cameron était pareil, de son côté. Dès que quelqu’un arrivait à avoir de la valeur à ses yeux, il se mettait en tête de veiller sur lui. Ca avait toujours été dans son caractère, et cela devait sans nul doute venir de son enfance, de son désir de protéger les siens en aidant sa mère, quitte à s’oublier bien souvent.... C’était souvent pesant, mais c’était aussi plus fort que lui. Cameron était capable d’avoir les pires soucis qui soit, et de les oublier, pour réconforter ses proches... Alors, vu comme ça, il est en effet heureux que quelqu’un prenne soin de lui, même si, soyons honnête, ça agaçait parfois Cameron, qui avait alors l’impression de n’être qu’un enfant. Constat amusant, lorsque l’on sait qu’il était également très protecteur avec les autres...

« Oh, je suis assez grand pour veiller sur moi et les autres en même temps, crois-moi ! »

Bien sûr, il ne disait ça que par vantardise. Il détestait admettre qu’il pouvait être comme tout le monde, avoir besoin du soutien de quelqu’un. C’était stupide, mais c’était ainsi. Cameron, c’était le genre de mec à vouloir tout faire tout seul, jusqu’à l’épuisement, refusant toute aide par fierté. En fait, la seule aide qu’il acceptait, c’était bien celle de Liam, et encore, celui-ci savait aider Cameron sans donner l’impression à celui-ci de trop en faire, n’empiétant pas sur la fierté de son ami. Toutefois, Cameron savait qu’il devait beaucoup à Liam, et qu’il ne pourrait jamais le remercier comme il le méritait vraiment !

Autrefois, il avait pu compter Jules, parmi les rares personnes qu’il autorisait à veiller sur lui. A vrai dire, Jules avait même été la seule de ses petites amies qu’il n’avait pas été dérangé de voir agir de la sorte envers lui. Mais aussi celle qui l’avait convaincu de ne plus jamais laisser une fille avoir une telle importance pour lui, parce qu’après, la chute n’en est que plus brutale... Mais l’heure n’était pas au regret, ni au voyage dans le passé. Cameron avait à présent une idée en tête : rassurer Jules, à propos d’Oliver, qui brillait par son absence depuis quelques temps maintenant. C’est ainsi qu’il lui proposa de l’appeler. Il ne put s’empêcher de se sentir rassuré en entendant la jolie blonde dire qu’elle allait essayer de joindre Oliver, et improviser après.

Alors que Jules s’éloignait pour passer son appel plus tranquillement, Cameron en profita pour observer les environs, se sentait à présent plus léger, plus serein, depuis qu’il l’avait retrouvé. Il se sentait enfin prêt à découvrir les beautés de Buenos Aires. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher d’observer Jules à la dérobée, profitant du fait qu’elle soit tout à sa conversation pour l’admirer. Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs, et, croyez-moi, venant de Cameron, c’est pas peu dire... C’est avec une lueur douloureuse dans le regard qu’il la contemplait, attristé par l’idée que le cœur de la jeune femme appartenait à un autre. A son frère... Mais plus pour longtemps, ça, Cameron s’en fit la promesse ! Cette situation n’avait que trop durer !

En voyant que la jeune femme avait visiblement terminé sa conversation (dont fort heureusement il n’avait pas vraiment entendu la fin, car il n’avait pas porté son attention sur ce que la belle disait à son frère), il regarda ailleurs, ne désirant nullement qu’elle découvre qu’il venait de la contempler. Il se tourna donc vers une vitrine, qu’il fit mine de regarder avec intérêt. Il fit donc semblant d’être sortit de ses pensées par la voix de la jeune femme, lorsque celle-ci lui expliqua les raisons de l’absence prolongé du cadet des Mitchell. Ainsi donc, il s’était perdu ? Cela fit apparaître un petit sourire moqueur sur les lèvres de Cameron. Oliver avait toujours eu un sens de l’orientation un peu... Pas terrible... Certes, il ne lui arrivait pas souvent de se perdre, mais disons qu’il était préférable de ne pas le suivre, lorsque vous vous baladiez avec lui, dans un endroit qu’il ne connaissait pas... A moins, bien sûr, de vouloir découvrir les environs en cherchant votre chemin !

Cameron eut peur que Jules lui annonce alors qu’elle allait rejoindre Oliver dès maintenant. Il était d’ailleurs prêt à essayer de la convaincre de rester, même s’il ne savait pas quels arguments il pourrait bien sortir pour la convaincre de rester, lorsque Jules prit la parole, lui proposant d’elle-même de rester. S’il jubilait intérieurement, extérieurement, il restait neutre, un simple sourire aux lèvres face à la gêne dont la blondinette fit preuve par la suite. C’était dans de telles circonstances qu’il avait l’impression de se retrouver face à la Jules qu’il avait connu, il y a tant d’années à présent, tantôt sûre d’elle, tantôt gênée. Celle-là même qui l’avait séduit sans même le chercher réellement...

« Oh, tu sais, moi, je refuse jamais de manger une glace ! », s’amusa-t-il.

Non, il n’était pas du genre gourmand, mais il aimait bien, parfois, manger des desserts de ce genre. Et il pouvait se le permettre, car les kilos qu’il aurait pu prendre en se montrer gourmand de la sorte n’avaient pas le temps de le coller, le beau barman était en effet du genre sportif, et prenait le temps de se sculpter son corps d’athlète ! Et oui, il aimait mettre toutes les chances de son côté pour séduire la gente féminine !

« Le reste de mon planning peut bien attendre encore un peu ! »

Toujours souriant, il se mit alors à avancer en direction du marchand de glace, veillant toutefois à rester au niveau de Jules.

« Alors, et toi, niveau boulot ? D’après ce que ma mère a dit, t’as plutôt pas mal réussit ! »

Il avait d’ailleurs été très content en apprenant que Jules était une bonne éditrice, mais ça ne l’avait pas vraiment surprit. Elle était du genre déterminée à obtenir ce qu’elle voulait, et lorsqu’ils étaient ensemble, elle avait toujours parlé avec entrain du métier d’éditrice, de ce fait, Cameron se doutait qu’elle devait se donner à fond dans son travail, comme dans tout ce qu’elle entreprenait.

Le duo arriva finalement au marchand de glace, et la file comptait déjà 4 personnes, ce qui arrangeait toujours Cameron, ça lui permettrait de passer encore un peu plus de temps avec la jeune femme, vers qui il se tourna d’ailleurs pour prendre à nouveau la parole !

« T’as dû être amener à rencontrer de grands écrivains, ça doit être cool ! »

Si l’univers de l’édition n’avait jamais attiré Cameron, il avait par contre toujours aimé lire. En fait, lorsqu’il était en cours, c’était même en littérature qu’il s’en sortait le mieux. Par contre, je tiens à préciser que s’il adorait lire, écrire n’était pas ce qu’il préférait, il n’avait pas la patience pour écrire un texte ! Et bien souvent, lorsque Cameron amenait des filles chez lui, elles étaient toujours surprise de voir la bibliothèque du jeune homme, se disant sans nul doute que, parce qu’il était barman, il devait forcément être inculte... Ca ne dérangeait pas Cameron, de passer pour un idiot, car lui savait qu’il n’en était pas un. Et tant que ça n’était pas quelqu’un qui comptait pour lui qui le prenait pour un abruti, il s’en moquait complètement !

« Quoique, pas toujours évident », rajouta-t-il, « j’ai entendu dire que les artistes sont parfois un peu... Difficiles à suivre ! »

C’est sur ces mots que le duo vit qu’il y avait enfin une personne en moins dans la file d’attente ! Au moins, le service allait assez vite !

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
✖Cameron & Jules✖
« i need to know »

« Oh, je suis assez grand pour veiller sur moi et les autres en même temps, crois-moi ! »

Lui répondit-il lorsqu’elle lui fit remarquer qu’il fallait bien que quelqu’un veille sur lui. Cameron avait toujours été là pour les gens qu’il aimait et c’était bien cela qui avait plu à la belle Jules. Bien sûr, la première fois qu’elle l’avait vu au bar où elle travaillait, elle l’avait trouvé très mignon et sexy mais elle en voyait des combiens comme lui par soirée ? Des tonnes, il ne se démarquait pas vraiment. Enfin si, il était bien plus beau que tous les dragueurs qu’elle avait déjà rencontrés mais à part cela, il lui semblait qu’il n’était qu’un séducteur sans grand intérêt. Mais, au fur et à mesure qu’elle avait discuté avec lui, elle avait découvert un jeune homme bien plus complexe qu’il n’y paraissait. Il était protecteur, drôle, cultivé, gentleman et sympathique. En gros, il était tout à fait le genre d’homme qui l’attirait. Malgré tout, elle se refusa à tomber amoureuse de lui pour la simple raison qu’il continuait à draguer tout ce qui bougeait. Son seul défaut mais un défaut rédhibitoire pour toutes femmes qui cherchaient une vraie histoire d’amour. Mais, comment faire pour aller contre les sentiments que l’on pouvait ressentir pour quelqu’un ? Rien et au fur et à mesure du temps, elle tomba amoureuse de lui sans oser le lui annoncer… Jusqu’au jour où il lui demanda de sortir avec elle… Jules n’avait pas su quoi dire tout de suite, elle était tiraillée entre sa raison – qui lui disait de refuser – et son cœur – qui lui disait d’accepter. Finalement, ce fut le cœur qui l’emporta et elle ne l’avait jamais regretté. Avec elle, il s’était investi dans une histoire qui avait durée cinq ans et dont il ne fut pas le meurtrier. Ce fut Jules qui mit un terme à leur relation parce qu’elle était tombée sous le charme du petit frère de Cameron, Oliver. Une histoire digne des plus grands mélodrame mais elle aurait voulu que ce ne soit pas le cas… L’éditrice n’était pas heureuse de savoir qu’elle avait mis fin à la relation fraternelle. Elle qui était si proche de ses sœurs ne pouvait pas imaginer ce que cela devait leur faire à tous les deux.

Cameron lui indiqua qu’elle pouvait essayer de lui téléphoner lorsqu’elle lui expliqua qu’elle était à la recherche d’Oliver. La jeune femme s’éloigna de lui lorsqu’elle entendit son chéri répondre au téléphone. Il s’était perdu mais avait retrouvé le café où maintenant il devait faire la file. Elle raccrocha et revint vers Cameron pour lui expliquer ce qu’il se passait, ce qui eut comme conséquence de le faire sourire. La blondinette n’était pas certaine que le jeune homme en avait quelque chose à faire de ce qui pouvait arriver à son frère mais elle avait tendance à penser que oui. Bien qu’ils ne se parlaient pas, elle était certaine qu’il continuait à s’inquiétait pour son petit frère, même s’il ne l’aurait jamais avoué. Ayant quelques minutes de libre et parce qu’elle avait envie de prolonger ces retrouvailles, la jeune femme proposa à son ex s’il voulait bien aller manger une petite glace.

« Oh, tu sais, moi, je refuse jamais de manger une glace ! »

L’éditrice rigola et, finalement, était heureuse de ne pas trop lui en demander. Après tout, il n’avait peut-être qu’une seule envie : prendre ses jambes à son cou pour éviter les deux amoureux, même si elle était seule pour l’instant.

« Le reste de mon planning peut bien attendre encore un peu ! »

Lui dit-elle alors qu’il souriait de plus belle. Un petit sourire en coin, la jeune femme répondit :

« Quel honneur ! »

Elle avait l’impression qu’elle retrouvait le jeune homme qu’elle avait connu dix années plus tôt, celui dont elle était tombée amoureuse… Ce qui était dangereux, là, elle jouait avec le feu mais si elle aimait Oliver, elle ne devait pas en avoir peur, si ? Les deux jeunes gens se mirent en route vers le marchand de glace où quatre individus y faisaient déjà la file.

« Alors, et toi, niveau boulot ? D’après ce que ma mère a dit, t’as plutôt pas mal réussi ! »

Pour avoir réussi, la jeune femme y était arrivée et elle se félicitait toujours d’y être arrivée. Il fallait le dire, ça n’était pas gagné d’avance. Jules n’avait pas eu une enfance très facile et jusqu’à ses seize ans, la vie ne lui avait pas fait de cadeaux. Alors, être devenue une grande éditrice respectée, elle n’aurait jamais cru que cela aurait été possible pendant sa jeunesse.

« Je dois dire que ça se passe très bien pour moi ! J’ai réussi à m’imposer dans ce métier, ce qui n’était pas gagné ! Mais, maintenant, les gens me respectent et savent que je fais du bon boulot ! De simple assistante, je suis enfin devenue responsable de la section littérature générale ! »

Il fallait bien le dire, la jeune femme était passionnée par son métier et elle s’était toujours promis de réussir et de s’imposer, ce qui était fait maintenant.

« T’as dû être amenée à rencontrer de grands écrivains, ça doit être cool ! »

Le jeune homme avait repris la parole et elle reconnaissait bien le grand lecteur qu’il était. Si de prime abord on pouvait croire que le jeune homme ne pensait qu’à son apparence, ce n’était pas du tout le cas. Il aimait la lecture et cette passion, elle avait pu la partager avec lui. Blondie n’eut pas le temps de répondre qu’il rajouta :

« Quoique, pas toujours évident ! J’ai entendu dire que les artistes sont parfois un peu... Difficiles à suivre ! »

Une personne venait de quitter la file et ils avancèrent sans arrêter de parler. C’était comme au bon vieux temps, comme si rien ne s’était passé. Mais, cela ne durerait pas, la vie reprendrait le pas. La jeune femme rigola lorsqu’il prononça la dernière phrase parce que c’était tellement vrai. Les artistes étaient parfois imbuvables et que lorsque l’on était amoureux de la littérature, il était difficile de rencontrer ses idoles. Quand on appréciait le talent d’un écrivain et que l’on se rendait compte qu’ils étaient horribles en tant que personne, votre appréciation de l’auteur diminuait. Jules avait rencontré ce problème au début de sa carrière. Néanmoins, elle avait réussi à faire la part belle à cela et à ne plus faire l’amalgame entre œuvre et personne physique.

« J’en ai rencontré quelques-uns, j’avoue que ce fut un vrai plaisir de les rencontrer ! Mais comme tu dis, parfois, on tombe sur des cas et on est obligé de faire comme si de rien n’était ! »

Lâcha-t-elle dans une petite moue qui montrait combien parfois, ça n’était pas facile. Bien que certains écrivains étaient tributaires de leur maison d’édition, certains étaient tellement connus qu’on voulait les garder et il fallait jouer les lèche-culs pour les garder.

« Le pire dans tout ça, c’est quand on commence et qu’on rencontre son idole ! S’il est sympathique, ça passe mais s’il est horrible, on est déçu de voir que la personne qui écrit tellement bien et qui vous fait vibrer n’est pas quelqu’un de bien ! Enfin, à force, on s’habitue et on arrive à faire la différence entre l’œuvre et l’artiste mais au début, on déchante un peu ! »

Rajouta-t-elle tandis que la deuxième personne finissait d’être servie à son tour. En lui donnant un petit coup de coude dans le bras, elle lâcha :

« J’ai même rencontré ton auteur préféré, ce jour-là, j’ai failli t’appeler pour te le dire ! »

Conclut-elle tandis qu’elle repensait à cette journée où elle s’était retenue en dernière minute parce qu’elle savait qu’il ne voulait plus trop entendre parler d’elle…

code by shiya.

La rencontre se passait de manière bien plus simple et naturelle que Cameron ne l’aurait crû. Le duo parvenait à parler sans trop de difficulté, à croire qu’ils ne s’étaient pas vus depuis quelques jours seulement. Oh, certes, il y avait toujours une certaine gêne, ils n’allaient pas non plus parler de tout sans gêne dès maintenant, comme ils avaient pu le faire de par le passé. Mais c’était toujours bien mieux que ce à quoi Cam s’était attendu, lorsqu’il avait imaginé leurs retrouvailles ! Jules aurait pu se montrer peu désireuse de rester en sa compagnie, le fantôme de leur relation passée aurait pu empêcher qu’ils se comportent comme des personnes polies et civilisées, pour plutôt se fuir. Le barman en était vraiment que heureux que cela ne soit pas le cas, c’est pourquoi il fut heureux lorsque Jules proposa de faire durer encore un peu plus leurs retrouvailles autour d’une glace.

Comme il y avait du monde qui attendait pour être servit, Cameron en profita pour parler, essayant d’en apprendre un peu plus sur la vie de Jules aujourd’hui. Il y avait en effet une grande différence entre l’entendre elle-même en parler, et l’apprendre de la bouche de sa mère. Lorsque sa mère parlait de Jules et Oliver, Cameron n’écoutait que d’une oreille distraite, peu désireux de montrer à sa mère à quel point cela pouvait l’intéresser, car après tout, elle était tout ce que le liait à présent au couple... Toutefois, les nouvelles que sa mère lui avait donné à leur propos s’avéraient exactes, Jules confirma avoir réussit sa vie professionnelle. Cameron en était vraiment heureux pour elle, il savait qu’elle avait travaillé dur lors de ses études pour avoir le diplôme nécessaire pour réaliser son rêve. Il siffla d’admiration lorsqu’il apprit que la jolie blonde était à présent responsable d’un secteur.

« C’est cool ça ! A quand ta propre maison d’édition ? »

S’il souriait, on ne peut pas dire qu’il n’était pas sérieux. Il avait tout à fait conscience que Jules pouvait réussir tout ce qu’elle entreprenait, si elle était motivée. Il n’avait cessé de le lui dire, lorsqu’ils étaient ensemble, et qu’elle hésitait à aller en faculté. Si lui savait que sa voie ne pourrait passer par de longues études, il avait confiance en Jules et en ses capacités à apprendre. A cette époque, Mme Mitchell avait essayé de convaincre son fils aîné de suivre Jules en faculté, mais Cameron lui avait clairement fait comprendre qu’il ne comptait vraiment plus retourner sur les bancs de l’école. Pourtant, il n’était pas stupide, disons que c’est juste l’école en générale qui ne lui convenait pas. Il aurait pu se lancer dans des études professionnel, mais même ça, c’était trop long pour lui, qui avait fait le choix quelques temps plus tôt de se lancer dans la vie active. Et il ne regrettait pas son choix, même si pour certains, un barman peut avoir autant d’intelligence qu’une huître... Il faisait ce qu’il aimait, alors que certains s’ennuyaient, dans leur joli costume, derrière leur sublime bureau !

Il interrogea ensuite Jules pour savoir si elle avait rencontré des auteurs réputés, ce qui devait être le cas, de par son métier. Ayant entendu que les artistes étaient plutôt lunatiques, il s’imaginait que cela ne devait pas être facile tous les jours. Il admirait les écrivains, qui étaient capables d’imaginer tout un univers pour en écrire un roman, mais certains étaient un peu étranges, du moins, à ce qu’il avait entendu dire lorsqu’il étudiait encore. C’était peut-être leur imagination débordante qui les rendait si bizarres... Mais bon, soyons honnête, Cam s’en moquait, tant qu’il était touché par leurs mots et leurs histoires, ils pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient à côté ! L’étrangeté de certains fut confirmée par Jules. Cameron imaginait parfaitement la déception que l’on devait ressentir, en rencontrant son idole, et en s’apercevant qu’elle n’avait rien de la personne sympathique que l’on avait imaginé qu’elle était, au travers de ses mots. C’est sans doute la raison qui poussait Cam a éviter de suivre Liam, lorsqu’ils allaient ensemble à des concerts, et que William avait accès aux coulisses. Le barman préférait garder l’image qu’il avait de ses artistes préférés, que de se confronter à la réalité. Lâche, peut-être, mais il craignait surtout que cela ne change définitivement la vision qu’il avait de leur musique, jusqu’à l’en dégoûté...

Il n’y avait à présent plus qu’une personne dans la file, lorsque Jules rajouta, en lui donnant un petit coup de coude dans le bras, qu’elle avait un jour rencontré l’écrivain préféré de Cameron, et avait même hésité à l’appeler pour le lui dire. Intérieurement, il ne put s’empêcher de sourire. Oui, il était heureux de voir qu’ainsi, il arrivait à la jolie blondie de penser encore à lui. Ca peut paraître stupide, mais ça ne l’était pas pour lui, même si après avoir passé 5 ans avec quelqu’un, on peut effectivement s’attendre à se souvenir de tels détails après la séparation. En fait, c’était plus le fait qu’elle ait songé à l’appeler pour le lui dire qui lui faisait plaisir. Il était content de voir qu’il n’était pas le seul, parfois, à se retrouver face à quelque chose que le ramenait à elle, et avoir dans les secondes qui suivaient le réflexe de vouloir le partager avec elle. Bien entendu, toutefois, il ne manifesta rien de cela sur son visage, qui n’affichait en fait qu’un petit sourire amusé, qui donnait parfaitement l’illusion qu’il était amusé à la perspective de la rencontre qu’elle avait eu la chance de faire.

« C’est vrai », s’écria-t-il, enthousiasme. « Et alors, il est comment ? Rassures-moi, c’est pas un con de première catégorie ? »

Il fixa Jules avec intérêt. Même s’il n’aimait guère apprendre comment étaient les personnes qu’il admirait en réalité, il ne pouvait résister à la curiosité d’en apprendre plus, lorsque quelqu’un dans son entourage en avait rencontré une. De surcroît, il savait parfaitement qu’il ne rencontrerait jamais cet écrivain, à moins de se rendre dans un salon du livres, ce qui, bien que cela pourrait lui plaire, ne serait pas possible, parce qu’il travaillait bien trop pour cela...

« Et t’as rencontré le tien ? C’est lui qui t’as déçu, ou ça en est un autre ? »

Il n’avait en effet pas oublié la petite remarque que Jules avait faite, à propos de déception quand on se retrouvait face à son idole. Ce fut enfin le tour d’être servit. Cameron observa quelques instants l’étale, avant de froncer les sourcils.

« Waouh, y’a du choix... Un peu trop, même... »

Il fit une petite moue boudeuse, alors qu’il essayait de trancher ce qui le tentait le plus entre les multiples arômes, tous plus appétissants les uns que les autres. Il était d’ailleurs bien loin de se douter que quelques heures après avoir déguster une glace en compagnie de Jules, il recevrait la visite de Lily-Rose. Et qu'il risquait fort de découvrir des choses qui allaient... Le bouleverser, lui qui l'était déjà suffisamment comme ça...

« Suis-je le seul à trouver que certains arômes sont... Etranges ? Y’a-t-il vraiment des gens qui prennent de la glace au roquefort ? »

Il grimaça à la simple perspective de manger une telle glace... Il y avait une nette différence entre déguster du fromage en tant que fromage, et en tant que glace... Le barman secoua la tête, décidément bien intrigué par certains être humains. Il se tourna alors vers Jules, pour déclarer :

« Enfin... Tu sais déjà ce que tu veux ? »

Cameron avait enfin réussit à diminuer sa sélection à 5 parfums, mais il lui fallait encore quelques secondes pour vraiment trancher. Oui, y’avait trop de choix pour lui, que voulez-vous ? Et il n’allait quand même pas prendre un peu de chaque glace, juste sous prétexte que beaucoup semblaient délicieuses !

« Je te préviens, si tu prends le roquefort, je te connais plus », plaisanta-t-il.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
✖Cameron & Jules✖
« i need to know »

Revoir Cameron et lui parler comme si de rien était lui faisait du bien. Combien de fois n’avait-elle pas imaginé ses retrouvailles qui lui semblaient de plus en plus impossibles tant le barman passait son temps à éviter son frère et son ex-petite amie. Pouvait-elle lui en vouloir ? Bien sûr que non vu ce qu’ils avaient fait, Jules pouvait comprendre que le jeune homme ne veuille plus entendre parler d’Oliver et de Jules. Le plus étonnant était de tomber sur Cameron alors qu’elle était en vacances à Buenos Aires. Combien de chances y avait-il pour que la belle éditrice tombe sur Cam à des kilomètres de chez eux ? Peu évidemment mais peut-être était-il temps pour les deux ex-amants de reprendre contact. La jeune femme se faisait des films évidemment puisque jamais les deux jeunes gens ne pourraient redevenir aussi proches qu’avant. Si Jules espérait pouvoir avoir Cameron et Oliver dans sa vie, c’était une utopie. Jamais le beau brun ne deviendrait le meilleur ami de la belle blondinette. Elle avait fait un choix entre les deux frères il y a cinq ans et maintenant, elle devait bien se rendre à l’évidence : même en ami, il n’y avait aucune chance qu’elle puisse retisser des liens avec Cam. Les choses étaient si faciles lorsqu’elle sortait avec lui, il était celui qu’elle aimait et elle pouvait aussi compter sur Oliver comme un grand frère presque. Puis, petit à petit, elle avait commencé à ressentir des choses pour le petit frère Mitchell et sa petite vie parfaite et bien organisée se retrouva totalement chamboulée. Evidemment, de nature raisonnable et gentille, Jules n’avait pas cherché à en tomber amoureuse mais c’était comme cela maintenant. Et avouons-le, heureuse dans sa vie. Les problèmes qu’elle avait avec Oli ces temps-ci étaient le lot de tous les couples mais Jules pouvait se targuer d’avoir une vie qu’elle aimait. S’il lui manquait un confident, elle avait tout ce que l’on pouvait rêver : un beau jeune homme qui l’aimait à en mourir, une belle maison et enfin, un job qu’elle adorait. Vu comment sa vie avait commencé, c’était étonnant que ses sœurs et elle n’avaient pas fini mortes sous un pont…

Enfin, cette petite conversation qu’elle avait avec Cam en ce moment était déjà un grand pas dans leur relation. Comme s’ils étaient de vieux amis qui se retrouvaient, ils prirent des nouvelles l’un de l’autre. Pourtant, Jules en avait eues par le biais de la mère des deux frères puisque dès qu’ils se voyaient, madame Mitchell ne cessait de parler de Cam à Oliver et sa petite amie parce qu’elle était désespérée de voir ses fils de se déchirer. Elle voulait qu’ils s’intéressent à la vie de l’autre et, en réalité, Oliver était heureux d’avoir des nouvelles de son frère, tout comme Jules d’ailleurs. Etrangement, si au début de l’histoire entre la belle éditrice et le cadet des Mitchell, la mère de celui-ci lui en avait voulu. La belle blondinette avait senti un froid s’installer entre elle et la femme mais peu à peu, celle-ci avait réussi à lui pardonner et aujourd’hui, leur rapport était à nouveau très bon. Pour tout dire, blondie s’en était voulu d’en être arrivée à séparer deux frères. Aujourd’hui, elle espérait aussi que les deux frères arrivent à se parler à nouveau.

« C’est cool ça ! A quand ta propre maison d’édition ? »

Demanda-t-il en souriant et avec un sifflement d’admiration tandis qu’elle rougissait quelque peu, elle éclata de rire ensuite en pensant à cela :

« Si seulement je pouvais ! Quoique diriger une maison d’édition serait sûrement moins plaisant ! Il faudrait que je prenne en compte l’aspect financier alors que je peux, pour l’instant, encore travailler au coup de cœur au lieu du coup économique ! »

Fit-elle en lui adressant un clin d’œil. D’autant qu’elle n’avait pas vraiment d’inquiétude à avoir, ce qui ne serait pas le cas si elle était directrice. Ils parlèrent de son boulot encore et elle lui annonça qu’elle avait rencontré son auteur préféré.

« C’est vrai ? Et alors, il est comment ? Rassures-moi, c’est pas un con de première catégorie ? »

Comment ne pas trop décevoir le jeune homme. S’il n’était pas le pire écrivain qu’elle avait rencontré, il ne se débrouillait pas mal en tant que diva.

« Disons qu’il est plus sensible dans ses textes que dans la vie ! »

Dit-elle en rigolant avant d’ajouter :

« En fait, il n’est pas horrible mais j’ai eu l’impression que le succès l’a rendu hautain ! A moins qu’il ne soit comme ça depuis toujours, après tout, je ne le connaissais pas avant ! »

Parce que la maison d’édition dans laquelle travaillait Jules avait réussi à dénicher un contrat avec ce grand écrivain.

« Et t’as rencontré le tien ? C’est lui qui t’as déçu, ou ça en est un autre ? »

Regardant le jeune homme, elle sourit en disant :

« Tout à fait ! Il n’était pas comme je l’imaginais ! Et depuis que je suis éditrice, j’évite de dire que j’ai un écrivain préféré ! »

Il fallait dire qu’elle savait comment fonctionnait le monde du livre et qu’elle savait comment était les écrivains, maintenant c’était d’un manuscrit qu’elle tombait amoureuse, plus d’un auteur. Heureusement pour elle, la magie d’une histoire continuait à opérer sur elle. Alors qu’ils continuaient à parler, leur tour d’être servi arriva. En zieutant la carte, elle se rendit compte du nombre astronomique de choix que proposait ce glacier et elle n’était pas la seule.

« Waouh, y’a du choix... Un peu trop, même... »

Jules était on ne peut plus d’accord et comme lui, elle étudia attentivement la carte pour faire son choix.

« Suis-je le seul à trouver que certains arômes sont... Etranges ? Y’a-t-il vraiment des gens qui prennent de la glace au roquefort ? »

Jules éclata de rire tandis qu’elle lisait le nom de certaines glaces.

« J’imagine que s’il est toujours à la carte, c’est que les argentins sont friands de drôles de saveurs ! »

Dit-elle alors que le jeune homme se tourna vers elle et lui demanda :

« Enfin... Tu sais déjà ce que tu veux ? »

La blondinette hésita quelques instants mais elle savait déjà ce qu’elle voulait : une glace au chocolat. Elle n’était pas très aventureuse quand il s’agissait de nourriture et quand elle essayait un nouveau plat, c’était souvent parce qu’Oliver l’avait commandé. Alors qu’elle allait répondre, il rajouta :

« Je te préviens, si tu prends le roquefort, je te connais plus ! »

Ce fut au tour de la blondinette de grimacer en le regardant. Elle haussa un sourcil pour lui signifier qu’elle ne comptait pas prendre une telle crème glacée.

« Ça va pas la tête ! Tu sais bien que je déteste goûter aux choses bizarres ! »

Elle lui donna un coup de poing doucement dans le bras avant de rajouter, à l’encontre du marchand de glace :

« Pour moi, ça sera deux boules au chocolat et une boule à la vanille avec un supplément de crème fraîche s’il vous plait ! »

Puis, elle se tourna vers son compagnon de route et rajouta en souriant :

« Tu as le temps de choisir ta glace tant qu’il fait la mienne comme ça ! »

code by shiya.

A les voir converser de la sorte, on aurait pu croire qu'ils étaient amis, bien loin de s'imaginer de l'histoire qui les unissait en réalité. Cela convenait parfaitement à Cameron, heureux de voir qu'en dépit de leur passé, ils n'avaient pas eu de mal à retrouver leur complicité d'antan. Certes, ils n'en étaient pas au point d'être prêts à se raconter leurs vies dans les moindres détails, comme ils avaient pu le faire, suite à leur rencontre, plus jeunes, ou même lorsqu'ils étaient en couple. Mais penser qu'ils l'auraient retrouvé rapidement était utopiste, hors, ça n'était pas dans les habitudes de Cameron de se bercer ainsi d'illusion. Leurs retrouvailles se passaient jusqu'à présent fort bien, et le barman espérait que ça allait continuer ainsi ! A vrai dire, il s'y emploierait ! Il n'était pas dans ses intérêts de commettre le moindre impair ! Et pour être honnête, il n'avait pas vraiment d'efforts à faire pour être à l'aise avec elle. Elle avait toujours réussit à le mettre à l'aise, et ce, à n'importe quelle circonstance, et sans même le chercher, par ailleurs... C'était comme si la simple présence de Jules parvenait à calmer la colère qui animait Cameron, colère à l'égard de ce monde dans lequel des enfants pouvaient grandir sans leur père, dans lequel des mères devaient travailler jusqu'à l'épuisement pour subvenir aux besoins de leurs enfants, ce même monde où des enfants devaient grandir bien trop vite, perdant ainsi leur innocence à un âge où pourtant, ils ne devraient rêver que d'être pompiers, super-héros, mais certainement pas à être en mesure d'aider leurs mères.... Ce monde qui avait brisé par tant de manière Cameron, l'amenant à être l'homme qu'il était depuis des années : visiblement froid, hautain, sûr de lui pour ne pas qu'on puisse croire qu'il se laissait facilement faire, grande gueule... Et auprès de Jules, il redevenait plus doux. Elle l'apaisait, l'amenant à être celui qu'il était au fond : doux, gentil, généreux, souriant, de bonne compagnie... Celui que très peu pouvait se targuer d'avoir un jour rencontré !

Tâchant d'en savoir le plus possible sur la vie actuelle de la jeune femme, il l'interrogea afin de savoir s'il était dans ses projets d'ouvrir sa propre maison d'édition. Idée qui, si la jeune femme lui faisait savoir qu'elle désirait la mener à bien, ne l'étonnerait guère ! Mais au lieu de cela, elle se mit à rougir, forçant ainsi Cameron à détourner le regard, avant de ne plus pouvoir le faire. Effectivement, il avait déjà du mal à ne pas la dévisager en permanence, alors si en plus, elle rougissait, ne serait-ce qu'un peu, ajoutant ainsi de son charme enfantin, il ne serait plus en mesure d'en détacher son regard ! De plus, il avait visiblement bien fait, parce qu'elle se mit même à rire. Dieu que ce son avait manqué au barman, qui n'en avait pourtant pas oublié la couleur, mais avait vraisemblablement oublié un peu la saveur qu'il avait... Alors qu'elle était en train de parler, il tâcha de retrouver son masque d'imperméabilité qui était peu à peu en train de céder...

« Ah, c'est vrai qu'avoir à gérer l'aspect économique », ajouta-t-il par la suite, « ça n'est pas évident. Sans oublier que tu deviens responsable aux yeux de la loi, donc, aux moindres soucis, tu prends tout ! »

Il savait parfaitement de quoi il parlait, étant donné qu’il était le propriétaire de son bar. Beaucoup de personnes lui avait fait part de leur incapacités à se retrouver patron, même s’ils trouvaient l’idée séduisante. Bons nombres ne se sentaient pas prêts à assumer de telles responsabilités. Chose qui surprenait souvent Cam, pour qui les responsabilités n’étaient que des choses banales, après tout, il avait rapidement prit des responsabilités au sein de sa famille, aidant souvent sa mère à remplir les documents officiel, ou autre ! Il y était tellement habitué que ça ne lui faisait plus rien, en fait ! Toutefois, il pouvait comprendre pourquoi certains ne s’en sentaient pas capables, il n’était pas stupide au point de les mépriser, sachant parfaitement que les gens n’étaient pas capable des mêmes choses ! Lui aimait les responsabilités, et d’autres étaient capables de réaliser des prouesses technologies ! Chacun son domaine !

Vint ensuite le moment où il l'interrogea à propos de son écrivain fétiche. A la réaction de la jeune femme, suite à sa question, il ne faisait pas partie des écrivains les plus sympas qui soit ! Ce qui fut confirmer lors de sa réponse, même si elle ne le décrivit pas comme était le pire des écrivains !

« Oh, tu sais, niveau sensibilité, je pense qu'il y a des personnes qui sont plus à l'aise pour l'exprimer sur papier qu'en réalité ! », dit-il en souriant, songeant en partie à lui. Certes, il n'était pas non plus insensible, loin de là, mais de prime abord, il n'était pas non plus très agréable ! Il était plus à l'aise pour exprimer ses émotions dans ses actes que dans ses paroles ! « Pour ce qui est de savoir s'il était hautain avant ou non... J'adore les artistes, mais ils me semblent tous plus ou moins... Etranges ! »

Il fronça les sourcils en se souvenant d'une de ses camarades de classe, au collège, qui était passionnée par le dessin, avec qui il était devenu ami, mais qui avait un sacré caractère. Avec elle, on ne savait jamais sur quel pied danser, il n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi lunatique qu'elle ! Tant et si bien qu'ils avaient finit par s'éloigner l'un de l'autre, Cam ne supportant plus les réactions bien trop imprévisibles de la jeune femme !

Il lâcha un petit rire amusé en entendant dire Jules qu'à présent, elle évitait de dire qu'elle avait un auteur préféré. C'était sans nul doute le plus sage à faire, parce que cela pourrait la mettre dans une situation délicate, si jamais l'auteur en question était amener à travailler avec elle, et le découvrait. Il pourrait alors décider d'en jouer, et lui mener la vie dure, en se la jouant diva, un peu comme un gosse s'il vient à savoir que vous l'affectionnez plus qu'un autre, en somme !

« T'as bien raison, c'est mieux pour toi ! », déclara-t-il alors.

Leur tour arriva enfin de choisir leurs glaces, mais le choix était trop important pour que Cam parvienne à se décider aussi rapidement ! Et parfois un peu surprenant, comme la glace au roquefort !

« J’imagine que s’il est toujours à la carte, c’est que les argentins sont friands de drôles de saveurs ! »

Le jeune homme fit une grimace de dégoût, et se mit à observer les personnes qui se trouvaient à proximité.

« Je ne dirai qu'une chose : Beurk ! »

Chacun ses goûtes, certes, mais ça, c’était un peu trop bizarre pour lui ! Qui fit d’ailleurs savoir, en plaisantant, le sort qu’il réservait à la jeune femme si elle s’avisait de choisir cette glace. Cela l’étonnerait fort qu’elle se risque à prendre une telle glace !

« Aïe », protesta-t-il, joueur, alors qu'elle venait de lui donner une légère tape sur le bras. « T'es violente, dis donc », protesta-t-il, enfantin. « Et, tu sais, t’aurais pu devenir plus aventureuse, culinairement parlant », dit-il, souriant. « Depuis le temps, tout est possible ! Après tout, tu viens bien de me frapper, tu le faisais pas, avant ! », expliqua-t-il, toujours en souriant.

Fort heureusement, elle n'avait vraisemblablement pas le cas ! Car si elle avait changé de goût, niveau cuisine, qui sait, elle aurait pu changer sur beaucoup d'autres points ! Non, Cameron n'allait pas s'en plaindre, il était content de retrouver Jules, sa Jules ! Celle qu'il aimait, contre toute raison ! Et qui, sans surprise, prenait une glace vanille-chocolat, comme à l'époque. Ce qui fit sourire le jeune homme, sans même qu'il le désire vraiment d'ailleurs ! D'un signe de tête, amusé, il remercia la jeune femme, qui venait de lui faire gagner quelques secondes de réflexion supplémentaire. Les sourcils froncés, il observa la carte, se tapotant le menton, comme il le faisait toujours lorsqu'il était songeur. Peu de temps avant que le glacier ait fini de préparer la commande de Jules, un sourire en coin apparût sur son visage, signe qu'il avait enfin choisit. Il fit d'ailleurs part de son choix alors que le glacier tendait sa glace à Jules.

« Pour moi, ça sera une boule au chocolat, une autre caramel au beurre salé, et une chocolat caramel beurre salé. Avec des noix de pécan dessus, s'il vous plaît ! »

Et oui, il était fan du beurre salé, et il l’assumait ! Alors que le glacier préparait sa glace, le barman sortit son portefeuille de sa veste, cherchant de la monnaie. Avec un petit sourire, mi-étonné, mi-amusé, il constata qu’il n’avait qu’un billet, suffisant pour payer les deux commandes. Haussant les épaules, il posa l’argent sur le comptoir, déclarant par la suite :

« Pour fêter nos retrouvailles, je t’invite ! On n’a qu’à dire que la prochaine fois qu’on se revoit, c’est toi qui payeras ta glace ! »

Après tout, ne pouvait-il pas payer une glace à une amie, sans qu’on puisse croire qu’il avait une idée derrière la tête ? Même si là, il était clair qu’il avait une idée derrière la tête, mais bon... De plus, avoir retrouvé Jules valait bien d’être fêter, non ? Certes, sous-entendre qu’ils allaient se revoir était aussi synonyme de se retrouver un jour face à Oliver, mais il savait que pour pouvoir la reconquérir, il était bien obligé de passer par là ! Afin de mettre toutes ses chances de son côté, il était sans doute utile qu’il fasse un effort vis-à-vis de son frère, même si au fond, il ne désirait qu’une chose : lui reprendre Jules....

« Enfin, sauf si ça te dérange, bien entendu ! Je veux pas te mettre mal à l’aise non plus ! »

Il fixa la jeune femme, guettant sa réaction, ne voulant pas la forcer, craignant que cela ne la braque, alors que jusqu’alors, leurs retrouvailles s’étaient bien passées !

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
✖Cameron & Jules✖
« i need to know »

L’histoire entre Cameron et Jules n’est pas simple depuis qu’elle avait choisi son frère pour vivre une passion amoureuse. Avant cela, il fallait avouer que tout avait été facile et la blondinette aurait voulu que cela continue. Mais bien sûr, quand vous choisissiez le frère de votre compagnon, il était difficile de pouvoir continuer à être amie avec quelqu’un a qui vous veniez de briser le cœur. Ce fut la plus difficile des décisions qu’avait dû prendre la jolie éditrice. De toute sa vie, elle avait toujours été l’adulte de la famille, celle qui se préoccupait de ses sœurs et de leur éducation, qui s’occupaient de tout ce qui devait être fait parce que sa mère n’était qu’une pétasse égoïste qui ne pensait qu’à trouver l’amour et qui ne faisait que tomber sur des enfoirés qui n’en voulaient qu’à ses fesses. Jules avait fini par couper les ponts avec elle et demander la garde de ses petites sœurs. Ce fut difficile mais elle put compter sur des gens adorables qui avaient compris la situation de la blondinette. Depuis qu’elle était en âge de le faire, Jules s’était occupée de ses petites sœurs pendant que sa mère sortait tous les soirs sans même prendre de leur nouvelle. Pour ce qui était de ramener de l’argent, elle n’avait jamais travaillé de sa vie, elle prenait de l’argent ci et là où elle pouvait en gratter. Un grand exemple pour la blondinette qui avait su s’en sortir malgré le mauvais chemin qu’elle aurait pu prendre. En réalité, si elle n’avait pas eu de petites sœurs, peut-être qu’elle n’aurait jamais voulu s’en sortir mais là, elle avait clairement envie de s’en sortir pour que ses sœurs s’en sortent. Et c’était le cas, les deux petites étaient devenues des femmes adorables, l’une allait encore à l’université, l’autre venait juste d’être diplômée. Quelle fierté pour Jules de voir que ses deux sœurs avaient suivi ses traces et avaient voulu se battre aussi pour ne pas devenir comme leur mère. Si, au départ, ce fut difficile pour la plus jeune de se séparer de sa mère, elle avait fini par comprendre le combat de sa grande sœur. Cette décision de quitter sa mère et de devenir tutrice de ses sœurs n’avait pas été la plus difficile, ce fut bien de quitter Cameron et de lui briser le cœur. Parce que contrairement à ce que l’on avait pu croire, elle l’aimait toujours à l’époque – et peut-être encore aujourd’hui vu l’effet de le revoir lui faisait – mais ses sentiments pour Oliver étaient plus forts et l’essoufflement d’une longue relation avait joué dans sa décision de choisir Oliver. Aujourd’hui, elle n’avait aucune envie de regretter son choix mais elle commençait à se demander si elle ne s’était pas trompée. Elle aimait toujours autant le cadet Mitchell mais revoir Cam faisait ressortir des sentiments qu’elle pensait disparus depuis longtemps…

« Ah, c'est vrai qu'avoir à gérer l'aspect économique, ça n'est pas évident ! Sans oublier que tu deviens responsable aux yeux de la loi, donc, aux moindres soucis, tu prends tout ! »

Elle acquiesça de la tête, il comprenait tout à fait ce qu’elle voulait dire mais cela n’était pas étonnant vu qu’il avait lui-même lancé son propre bar. Ce n’était pas évident mais il savait ce que cela voulait dire d’être responsable d’une entreprise.

« Oh, tu sais, niveau sensibilité, je pense qu'il y a des personnes qui sont plus à l'aise pour l'exprimer sur papier qu'en réalité ! »

Bien sûr, il avait raison mais cela n’était pas une raison pour être super désagréable avec les gens. Il devait croire qu’il était comme eux mais c’était bien différent, ils se prenaient de haut parce qu’ils écrivaient et qu’ils étaient reconnus en tant que tel. Si Cameron était souvent distant, il n’en restait pas moins poli et modeste, contrairement à ces auteurs qui parfois n’étaient pas du tout sympathiques.

« Oh oui, ça j’ai bien remarqué, ça n’empêche qu’ils pourraient parfois éviter de nous parler comme à des chiens ! »

Dit-elle en grimaçant qui se changea très vite en sourire quand elle repensa à tout ce qu’elle avait vu en tant qu’éditrice. Heureusement qu’ils n’étaient pas tous comme cela, elle aurait perdu le goût de l’édition.

« Heureusement, il y a toujours les écrivains débutant qui eux te donnent envie de continuer à travailler dans le domaine ! S’il n’y avait que des auteurs confirmés, j’aurais vite abandonné ! »

Dit-elle en rigolant tandis que le jeune homme reprenait la parole :

« Pour ce qui est de savoir s'il était hautain avant ou non... J'adore les artistes, mais ils me semblent tous plus ou moins... Étranges ! »

La jolie blonde éclata de rire en entendant cela, ce n’était pas faux mais encore une fois, heureusement qu’il y avait des exceptions.

« Ah ! Ca, c’est sûr, on ne s’ennuie pas et tu ne peux t’imaginer les trucs que j’ai vu depuis que j’ai commencé ! »

Lâcha-t-elle en secouant la tête de gauche à droite qui confirmait qu’il y en avait des trucs qui se passaient dans les coulisses.

« T'as bien raison, c'est mieux pour toi ! »

Elle acquiesça d’un signe de la tête sans rien rajouter de plus. Lorsque vint le moment de choisir la glace, ils ne purent que constater que Buenos Aires était plus dépaysant que prévu puisque même les saveurs culinaires étaient étranges. La glace au camembert ne sut qu’arracher une grimace de dégout de la part des deux protagonistes qui n’arrivaient pas à croire qu’il était possible d’apprécier une telle saveur…

« Je ne dirai qu'une chose : Beurk ! »

Jules rigola et rajouta immédiatement :

« Je dirais même plus : Erk ! »

Puis, il la prévint qu’il ne voulait pas qu’elle choisisse ce goût au risque de voir Cam faire comme s’il ne la connaissait pas. Elle lui décocha un petit coup de coude très léger pour la peine.

« Aïe ! T'es violente, dis donc ! »

Un sourire de satisfaction naquit sur ses douces lèvres tandis qu’elle lui disait qu’elle n’avait jamais été de celles qui aimaient goûter aux plats étranges.

« Et, tu sais, t’aurais pu devenir plus aventureuse, culinairement parlant ! »

Dit-il en souriant avant de rajouter :

« Depuis le temps, tout est possible ! Après tout, tu viens bien de me frapper, tu le faisais pas, avant ! »

Elle haussa les épaules sans répondre et se tourna vers le glacier à qui elle passa commande, cela laisserait le temps à l’aîné des Mitchell de faire son choix. Il semblait en pleine réflexion, comme si sa vie était en danger ou que son choix serait crucial, ce qui fit rigoler la jolie blondinette.

« Pour moi, ça sera une boule au chocolat, une autre caramel au beurre salé, et une chocolat caramel beurre salé ! Avec des noix de pécan dessus, s'il vous plaît ! »

Tandis que le glacier préparait sa glace, la blondinette était sur le point de sortir son argent aussi quand le jeune homme posa un billet sur le comptoir et dit, en haussant les épaules :

« Pour fêter nos retrouvailles, je t’invite ! On n’a qu’à dire que la prochaine fois qu’on se revoit, c’est toi qui payeras ta glace ! »

Elle eut du mal à accepter mais elle finit par le faire mais ce fut la partie où il lui disait qu’ils allaient se revoir qui retint son attention. Est-ce qu’il avait vraiment l’intention de la revoir et si oui, pensait-il qu’il était possible que ce soit avec Oli ? Elle était sur le point de répondre quand il rajouta :

« Enfin, sauf si ça te dérange, bien entendu ! Je veux pas te mettre mal à l’aise non plus ! »

Voyant qu’il faisait un effort, elle ne voulait pas entrer dans les détails pour l’instant, à savoir ce qu’il avait en tête quand il disait cela, s’il voulait reprendre contact avec elle et Oliver ou s’il disait cela en l’air parce qu’il n’avait aucune intention de la recroiser un jour.

« Faisons comme cela alors, la prochaine fois qu’on se voit, c’est moi qui invite ! »

La blondinette ne saurait dire si cela arriverait ou si Oliver serait présent, elle n’osait parler de son frère en sa compagnie, leurs retrouvailles étaient encore fragiles et ce n’était pas le moment de parler de choses fâcheuses. Le glacier leur tendit leur glace tandis qu’il prenait congé d’eux pour s’occuper de la personne derrière eux. Se dirigeant la première vers un banc près du parc, elle s’assit et espérait que cette conversation continuerait un peu plus, surtout s’il n’avait plus envie de la voir par la suite… Le voyant s’approcher, elle dit :

« Bonne dégustation et merci pour la glace ! »

Lui dit-elle en lui faisant un clin d’œil.

code by shiya.

Son bar. Sa fierté. Ce sans quoi Cameron serait devenu fou. Ce dans quoi il dépensait son énergie, en permanence. En fait, Cam s’estimait assez chanceux : certes, la femme qu’il aimait l’avait quitté son petit frère, mais au moins, il n’était pas seul, sans rien à faire. Il avait toujours pu compter sur le soutien et l’amitié de Liam, au cours des dernières années. Et son bar. L’un comme l’autre lui avait sauvé la vie, aidé à sortir la tête du flot qui avait menacé de l’emporter dans son tourbillon infernal lorsque son monde avait explosé, et que ses certitudes avaient volées en éclats. Jusqu’à cette rupture, il avait toujours eu l’illusion puérile (du moins, il la jugeait puérile à présent), comme quoi la famille était quelque chose d’important, que rien ne pourrait détruire ni briser. Sa relation avec son frère, il l’avait toujours cru indestructible. Ils avaient traversés tellement de choses ensemble dans leur enfance que jamais il ne lui était venu à l’esprit qu’ils pourraient un jour se retrouver en compétition pour une fille. Il avait sans doute eu l’illusion de croire qu’ils avaient bien trop de respect l’un pour l’autre pour franchir cette limite, qu’en cas de tentation puissante pour la petite amie de l’un d’eux, celui qui serait tenté parviendrait à prendre ses distance avant de commettre l’irréparable. C’est ainsi qu’aurait réagit Cameron, préférant de loin s’éloigner d’une fille qui lui plaisait, même si elle lui plaisait terriblement, même si quelque chose au fond de lui n’aurait eu de cesse de lui murmurer de manière pernicieuse qu’elle était sa Destinée. Sans doute avait-il accordé beaucoup plus d’importance à la famille que ne l’avait fait Oliver... Certes, Cameron n’avait jamais connu la situation qu’avait connue son frère : craquer pour la petite amie de son frère, et être partagé entre ses sentiments fraternels, et ses sentiments amoureux, au point de ne plus savoir comment réagir pour concilier les deux sans avoir l’impression de perdre une partie de soi en cours de route. Toutefois, le barman restait convaincu qu’il aurait privilégié le bonheur de son frère au détriment du sien, comme il l’avait toujours fait, après tout, depuis son plus jeune âge, et aurait ainsi prit les voiles, mettant le plus de distance possible entre lui et la Belle, le temps de remettre de l’ordre dans ses sentiments, de revenir à la raison. Cameron n’avait eu de cesse de se reléguer au second plan, de tout faire pour que les siens soient heureux et ne manquent de rien, et de ne penser à lui que lorsque tout allait vraiment pour le mieux, en gros : rarement.... Et ça ne l’avait pas dérangé, il avait toujours été comme ça, il l’avait comprit très tôt, et au lieu d’essayer de changer, il avait préféré rester ainsi, pour les personnes qui comptaient pour lui. A croire que cette capacité à se mettre en retrait pour les autres, Oliver ne l’avait pas... Il est inutile de s’apitoyer sur son sort, cela ne sert à rien, Cameron le savait, c’est la raison pour laquelle il avait décidé de continuer à vivre sa vie comme si de rien n’était, assez rapidement après la rupture qui l’avait anéantit. Il avait alors reprit les vieilles habitudes qu’il avait laissé de côté pour Jules à l’époque : sortir plus que de raison et draguer à tout va. En fait, cela avait même empiré, avec le souhait presque viscéral du barman de ne plus jamais s’attacher à une femme, pour ne plus jamais être à nouveau si vulnérable. A présent, ses failles, pour les voir, il fallait vraiment le connaître parfaitement, car il veillait à ne pas les laisser visibles de tous. Ses barrières s’étaient trouvées renforcés par rapport à ce qu’elles étaient de par le passé !

« Oh oui, ça j’ai bien remarqué, ça n’empêche qu’ils pourraient parfois éviter de nous parler comme à des chiens ! »

Le jeune homme se contenta d’hocher la tête, visiblement, le duo ne pourrait jamais se mettre d’accord. Certes, la politesse était primordial, mais certaines personnes avaient du mal avec. A vrai dire, certaines fois, si Cam s’écouterait, il savait qu’il en deviendrait encore plus froid et distant qu’il ne l’était à présent. Il parvenait à ne pas devenir un monstre d’indifférence complète pour sa mère et pour Liam, qui parvenaient à le raccrocher dans le monde civilisé, lui rappelant sans arrêt l’importance des autres. De même, ils lui rappelaient l’importance pour lui de ne pas devenir un monstre sans cœur pour que son bar fonctionne, pour ne pas se noyer dans sa souffrance. Il ne pouvait pas se perdre dans sa rancœur sans se renier, ce qui donnait souvent lieu à de grands débats intérieur chez lui !

« Heureusement, il y a toujours les écrivains débutant qui eux te donnent envie de continuer à travailler dans le domaine ! S’il n’y avait que des auteurs confirmés, j’aurais vite abandonné ! »

A nouveau, le jeune homme secoua positivement la tête, comprenant parfaitement la situation de Jules, enfin, se mettant plutôt à sa place. Il était étrange de voir à quel point il avait toujours eu plus de facilité à se mettre à la place des autres qu’à savourer sa propre vie, comme si ainsi, il essayait de les protéger, mieux les comprendre pour mieux les aider, étant plus doué pour aider les autres pour que s’aider lui-même, tout comme il parvenait plus facilement à les comprendre qu’à se comprendre lui... Etrange paradoxe avec lequel il réussissait néanmoins à vivre depuis toujours...

« Ah ! Ca, c’est sûr, on ne s’ennuie pas et tu ne peux t’imaginer les trucs que j’ai vu depuis que j’ai commencé ! »

Une grimace se profila sur le visage de Cameron, grimace amusée, et non de dégoût réel. Pendant quelques secondes, il réfléchit sur ce qu’elle avait bien du voir ou entendre, avant de trancher :

« Ma curiosité est immense, mais ma raison me souffle de ne pas te demander d’exemple, elle a trop peur de ne pas pouvoir survivre par la suite ! »

Il était donc préférable pour lui de ne pas en découvrir plus. Quoique, il avait beaucoup d’imagination, donc, il pouvait envisager des situations encore bien pire que celles qu’avaient du rencontrer l’éditrice... Néanmoins, il préféra vraiment sur son imagination, ainsi, une part de doute subsisterait toujours en lui quant aux étrangetés dont pouvaient faire preuve les écrivains...

Vint ensuite le moment du choix des glaces, moment durant lequel le commerçant dut sans nul doute les prendre pour des imbéciles, à se comporter comme deux gamins qui se taquinaient. Mais Cameron s’en moquait complètement, c’était si agréable de plaisanter à nouveau avec la jolie blonde que le monde entier pouvait bien le prendre pour un fou, il ne s’en soucierait pas du tout ! Il avait tellement attendu ses retrouvailles que rien ne pourraient les gâcher. Sauf peut-être l’apparition soudaine d’Oliver, le barman ne sachant pas s’il était capable pour le moment de supporter de se retrouver face à son frère... Et il préférait avoir un peu plus de temps pour se préparer quant à une éventuelle entrevue, même s’il pouvait à présent l’envisager, tout comme il le laissa sous-entendre lorsqu’il paya les glaces en disant qu’elle lui revaudrait cela une autre fois. Si pour reconquérir la belle, il devrait souffrir en retrouvant son petit frère, Cameron tiendrait le coup... Parfois, il se faisait à lui-même l’effet d’un sado, en fait... Mais après tout, l’Amour ne nous fait pas tous agir de manière déraisonné ? Cameron ne dérogeait pas à la règle !

« Faisons comme cela alors, la prochaine fois qu’on se voit, c’est moi qui invite ! »

Un grand sourire illumina son visage lorsqu’il prit alors la parole, en plaisantant :

« Cool, donc, tu pourras m’inviter dans un restau super chic, parce qu’il est clair que la glace vaut au moins un resto étoilé ! »

D’un signe de tête, il remercia le glacier en récupérant sa commande, avant de suivre la blondinette, qui était allé prendre place sur un banc.

« Bonne dégustation et merci pour la glace ! »

« Oh, mais de rien », lui dit-il en souriant, tout en prenant place sur le banc, bien décidé à profiter de chaque instant passé en sa compagnie. « Bonne dégustation à toi aussi ! »

Après tout, il n’était pas stupide au point d’être certain de la récupérer, même s’il ferait tout pour. Et dans l’hypothèse de son échec, il ne se sentait pas courageux pour parvenir à la revoir par la suite. Il savait que couper définitivement les ponts avec la belle lui sera douloureux, mais il savait aussi que continuer à la voir alors lui serait intolérable. Après tout, elle lui aura alors fait comprendre qu’elle ne voulait vraiment plus de lui, qu’elle avait tiré un trait sur eux, sur leur histoire. Et ça, c’était au dessus des forces de Cameron. Certes, il avait un côté maso, mais son côté maso avait des limites.

« Au fait, comment vont tes sœurs ? Que deviennent-elles à présent »

Il avait souvent vu les petites sœurs de Jules, et avait beaucoup aimé les taquiner gentiment dès qu’il les voyait. De ce fait, se soucier de ce qu’elles étaient devenues à présent était normal pour lui, qui avait parfois aidé Jules à veiller sur elles. C’était sans nul doute ce qui avait tant contribué à rapprocher le duo à l’époque, le fait qu’ils veillaient tous deux sur leur clan.

« Faudra que tu les salues de ma part, d’ailleurs ! »

En effet, si elles venaient à savoir que Cam avait vu Jules et qu’il ne leur avait même pas adressé un mot, il y avait de fortes chances pour qu’elles en soient agacées et vexées, tant ils s’étaient bien entendu à l’époque. Pas non plus au point d’être toujours ensemble, mais suffisamment pour prendre des nouvelles les uns des autres. En attendant une réponse de l’éditrice, il commença à déguster sa glace, qui était réellement délicieuse.

Spoiler:

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
✖Cameron & Jules✖
« i need to know »

Les choses avançaient à petits pas entre les deux ex-amants, ils retrouvaient leur ancienne complicité comme jamais Jules n’aurait pu croire être possible. Quand elle imaginait leurs retrouvailles, elle voyait deux jeunes gens mal à l’aise, ne sachant pas quoi se dire mais certainement pas une conversation comme elle était en train de se passer. Elle n’imaginait pas qu’elle pourrait lui parler comme si de rien n’était, comme s’il n’y avait pas cinq ans qu’ils avaient parlé ensemble. Cela lui faisait bizarre mais pas tant que cela, la blondinette retrouvait ses marques aux côtés de Cameron comme si c’était hier. Un peu comme le vélo qu’on n’oubliait jamais, elle n’avait pas oublié comment elle était lorsqu’elle sortait encore avec lui. Evidemment, quand elle imaginait leurs retrouvailles, Oliver était dans les parages et elle ne doutait pas que les choses auraient été différentes s’il avait été là. Non pas qu’elle pensait avoir droit à un traitement de faveur mais elle imaginait combien il aurait été plus tendu de les voir ensemble que l’un et l’autre séparé. Peut-être que les choses pourraient s’arranger entre les deux frères si l’éditrice n’était plus dans le tableau. Peut-être que la solution était qu’elle quitte Oliver et qu’elle oublie les deux frères tout simplement ? Pourtant, si c’était la solution pour les réconcilier, elle n’était pas sûre d’y arriver. Elle avait passé dix ans aux côtés des frères Mitchell, cinq ans avec Cameron et dix ans avec Oliver. Si au début, Oliver et elle ne sortaient pas ensemble et se considéraient plus comme des frères et sœurs, depuis cinq ans, ce n’était plus vrai. Pourtant, revoir Cameron et être à ses côtés sans Oliver lui rappelait les premiers jours où ils sortaient ensemble, ces premiers jours plein d’amour et de complicité. Et avec tous les soucis qu’elle avait eus avec le cadet des frères Mitchell, revoir Cameron n’allait pas aider à reprendre un nouveau départ alors que ce voyage avait été fait pour cela. Une solution était de ne plus revoir Cameron, d’essayer de l’éviter également ici mais elle n’en avait pas envie. Jules espérait sincèrement qu’elle puisse arriver à retrouver une relation amicale avec lui et surtout elle espérait toujours que les deux frères se réconcilieraient.

« Ma curiosité est immense, mais ma raison me souffle de ne pas te demander d’exemples, elle a trop peur de ne pas pouvoir survivre par la suite ! »

Lâcha-t-il simplement pour clore la discussion sur le métier de la jeune femme. Elle acquiesça de la tête, elle le comprenait totalement et elle se mit à rigoler.

Par la suite, ils s’arrêtèrent à un marchand de glace, partageant ce petit encas délicieux. Ca n’avait pas été prévu mais la blondinette n’avait aucune envie de le laisser partir sans savoir ce qu’il devenait. Elle avait eu des nouvelles de Cameron par la mère des deux frères mais elle voulait l’apprendre de sa bouche. Peut-être voulait-elle prolonger ces retrouvailles ? Non, sûrement bien qu’elle aurait dû partir bien avant. Mais, finalement, elle était restée et maintenant, ils étaient devant ce marchand de glaces, à papoter avec un homme à qui elle n’avait plus parlé depuis cinq ans.

« Cool, donc, tu pourras m’inviter dans un restau super chic, parce qu’il est clair que la glace vaut au moins un resto étoilé ! »

Lui lâcha-t-elle quand elle lui annonça qu’elle l’inviterait à son tour parce qu’il venait de payer leurs glaces. Elle rigola tandis qu’elle s’avançait vers un banc plus loin où elle s’installa.

« Je n’ai qu’un petit salaire, si je t’invite là-bas, on devra se partager un petit plat ! Ca n’en vaut pas la peine ! »

Fit-elle avec humour tandis qu’il s’approchait d’elle et s’installa à côté de la belle Jules.

« Oh, mais de rien ! »

Lui répondit-il tout simplement en souriant, sourire qu’elle lui retourna tandis qu’elle mangeait sa délicieuse glace.

« Bonne dégustation à toi aussi ! »

Rajouta-t-il alors qu’elle sentait le froid de la glace lui mordre les lèvres. Cela lui faisait un bien fou avec cette chaleur. Le soleil de Buenos Aires tapait encore alors qu’on était déjà en octobre.

« Merci ! »

La jeune femme regardait ce qui se passait devant ses yeux tout en dégustant sa glace, des jeunes enfants se précipitaient, en culottes courtes, vers le marchand de glace, se léchant les babines à l’idée de se régaler du nectar. La blondinette était fascinée par ce spectacle bien qu’elle n’ait encore jamais eu envie d’avoir des enfants. Pas tout de suite, cela viendra en son temps, elle ne se sentait pas encore prête et surtout, son instinct maternel ne s’était pas encore développé.

« Au fait, comment vont tes sœurs ? Que deviennent-elles à présent »

La voix de Cameron la ramena à la réalité et elle se tourna vers lui lorsqu’il lui posa cette question. Ses sœurs, elles l’adoraient et furent totalement sous le choc lorsque la blondinette leur avait dit qu’elle allait laisser tomber Cam parce qu’elle était amoureuse de son frère. Elles avaient hurlé que ce n’était pas une solution, qu’elle allait détruire une relation fraternelle et que cela ne se faisait pas. Elles avaient raison et elle avait eu du mal à leur faire comprendre combien elle se sentait mal de faire cela. Ses sœurs lui avaient fait la tête et ne lui avaient plus parlé pendant quelques jours. Il fallait dire que pour elles, les deux jeunes gens étaient faits l’un pour l’autre. Aujourd’hui, elles avaient fini par accepter Oliver et l’appréciaient énormément mais elle sentait tout de même que ses petites sœurs pensaient toujours que Cameron était fait pour Jules.

« Faudra que tu les salues de ma part, d’ailleurs ! »

L’éditrice se mit à rire, il était certain que si elle leur avait dit qu’elle l’avait vu et qu’il n’avait même pas évoqué ses petites sœurs, elles auraient été déçues et tristes. Bien sûr qu’elle leur remettra son bonjour.

« Evidemment ! Quelle scène elles te feraient si elles te croisaient ! Si jamais elles savent que je t’ai vu et que tu ne t’es même intéressée à elles, elles risquent de t’en vouloir ! »

Que devenaient-elles ? De belles jeunes femmes dont Jules pouvait être fière.

« Jenny va à l’université, elle apprend le droit ! Quant à Jamie, elle vient d’être diplômée de l’école d’architecture ! Tu ne peux pas savoir combien je suis fière d’elles ! »

Dit-elle alors qu’elle regardait son cornet de glace, ses yeux brillaient comme si elle allait pleurer tellement elle était heureuse de les voir réussir.

« Tu sais combien ça n’a pas été facile de faire comprendre à Jenny qu’elle devait s’accrocher dans ses études et combien ça n’a pas été facile pour nous trois et finalement, on est toutes les trois des femmes accomplies ! Quand je les vois aussi heureuses, je ne peux que me féliciter d’avoir eu le courage de prendre le dessus sur ma mère ! »

Lâcha-t-elle avec une pointe d’irritation, comme quand elle pensait à sa génitrice.

code by shiya.

Spoiler:

Pour l’heure, tout se passait plutôt bien entre les deux jeunes gens, tant et si bien que parfois, la crainte que tout ça ne soit qu’un doux rêve s’insinuait dans l’esprit du barman. La gêne était là, palpable, flottant dans les airs, les entourant légèrement, prête à revenir aux moindres faux-pas de l’un ou de l’autre. Cependant, ils parvenaient à passer outre, à la maintenir à distance raisonnable, et semblaient même mutuellement contents de se retrouver. Même dans les rêves les plus fous de Cameron, les retrouvailles ne se déroulaient pas aussi bien, au point de donner l’illusion qu’ils s’étaient quittés d’un commun accord. Néanmoins, même si c’était bel et bien un rêve, il ne désirait nullement en sortir, se sentant enfin complet et heureux, bien que la douleur de n’être qu’un ami retrouvé pour Jules le submergeait par vagues. Encore heureux qu’il soit doué pour intérioriser ses émotions, sans quoi, il serait aisé de déchiffrer le tumulte d’émotion qui tourbillonnait en lui. Pêle-mêle, on retrouvait : son impression de rêver... Son douloureux ressentit d’être à nouveau complet... Son désagréable sentiment d’avoir réapprit à respirer, lui qui avait eu l’impression de vivre en apnée après que Jules l’ait quitté... Sa lutte empreinte de torture qu’il menait contre son puissant désir de serrer Jules contre lui, afin d’avoir enfin la certitude qu’elle était bel et bien là, et non le simple fruit de son imagination sadique... Son souhait de la questionner dans le but de comprendre les raisons qui l’avaient incité à choisir Oliver plutôt que lui... Sa peur, quasi-foudroyante, de découvrir qu’il avait merdé, un moment ou un autre, au cours de leur idylle passé, et qu’il l’avait donc ainsi poussé à s’éloigner de lui... Son désarroi, littéralement tétanisant, à la perspective qu’elle puisse finalement lui faire comprendre qu’elle avait bel et bien tourné la page de leur histoire, qu’elle avait réussit à avancer sans lui, et s’estimait même plus heureuse sans lui qu’avec lui...

Fronçant les sourcils, il se rabroua mentalement, il ne pouvait pas faire demi-tour, que ce soit un rêve ou non. Si c’était effectivement un rêve, que craignait-il alors ? De se réveiller en nage, avec l’impression que le vide résidant dans son cœur était plus profond, se transformant peu à peu en abysse sans fond. Abysse pourtant attirant, car capable d’absorber tout ce qui semblait ranimer peu à peu cet organe : l’amour de sa mère n’avait jamais réussit à ramener Cameron à lui, pas plus que l’amitié sans faille de Liam, ni même son histoire avec Lily-Rose. Non, si on réfléchissait bien, Cameron n’était à présent plus que l’ombre de lui-même, parvenant bien à tromper son entourage, de par ses sourires et ses réparties, mais, si on grattait bien, si le barman vous donnait la chance de voir au travers de sa carapace, on pouvait voir son âme à vif. Pendant de longues années, celle-ci avait tenu le coup par de léger fils visant à recoudre les morceaux l’un avec l’autre, et qui avait été cousus par l’amour que Cameron portait pour sa famille. En tant que chef de famille autoproclamé, il avait longtemps estimé qu’il était de son devoir de se montrer infaillible, solide comme un roc, laissant glisser les aléas de la vie sur sa carapace, afin d’offrir un rocher à sa mère et à son frère auquel ils pouvaient s’agripper au cœur de la tempête. Grâce à l’amitié de Liam, les fils avaient ensuite été remplacés par des fils plus solides, unifiant l’âme en lambeau de Cameron. Puis ils s’étaient resserrés sous l’impulsion de Jules, pour finalement donner un patchwork plus résistants, restaurant presque l’âme dans son état initial. Du moins, c’était ce que Cameron avait pensé, avant de se faire à l’évidence qu’il s’était illusionné, avec la découverte de la trahison de Jules et Oliver. D’un seul coup de ciseaux savamment donné, les fils avaient craqués, relâchant les morceaux pour les mélanger, en perdant quelques-uns sous l’impulsion. L’entourage de Cameron avait alors eu fort à faire pour essayer de reconstruire le jeune homme, qui se faisait à présent l’effet d’un jouet usagé. Vous savez, un jouet avec lequel l’aîné de la famille a joué toute son enfance, encore et encore, avant de se lasser. Jouet qui avait alors atterrir dans les mains du 2ème enfant, et finalement, du petit dernier. Jouet qui, après avoir fait son temps, se retrouvait avec des morceaux en moins, perdu au fil des années, égarer Dieu seul sait où dans la maison, dehors, ou dans des maisons d’amis, et sur lesquels on ne remettra jamais la main. Le genre de jouet qui est tellement abîmé que nul ne veut à présent de lui, tant il est repoussant et détruit. Jouet qui pour enfin retrouver un nouveau propriétaire doit alors passer de longues heures entre les mains d’un passionné qui doit alors le réparer, lui donner une nouvelle vie, car les pièces manquantes ne seront jamais toutes retrouvées, en dépit des efforts fournies. Cameron était ce jouet, le réparateur était son entourage (sa mère, Liam & Lily), mais aussi son boulot. La réparation n’avait été efficace qu’en surface, l’intérieur était encore en piteux état, tel une maison ayant subit récemment les assauts de la montée des eaux, d’un vent puissant qui balaye tout sur son passage. Aujourd’hui, Cameron était donc en mesure de sourire, de rire, de se montrer ironique, charmeur, dragueur, mais certainement pas d’essuyer de grosses déceptions, qui ne feraient que couper peu à peu en milles morceaux les pièces du puzzle incomplet qu’il était à présent. Il le savait, il en avait eu que très douloureusement conscience ses dernières années, et toutefois, il était là, face à Jules, dans l’espoir de la reconquérir, ou d’essayer d’en guérir, même si dans son esprit, il était clair qu’elle était toujours sienne. Et qu’elle le serait sans nul doute toujours....

C’était un pari risqué, qui l’enverra soit au Paradis, soit en Enfer, et sans réel espoir de billet retour.... Mais il le prenait ce risque, ne supportant plus la vie qu’il menait, et qu’il faisait mener aux siens. Le fantôme de Jules guidait chacun de ses pas, de ses gestes, abîmant lentement ses rapports avec son entourage : sa mère ne parlait que très peu d’Oliver avec lui, alors qu’elle mourrait clairement d’envie de voir ses deux fils enfin réconcilier, que cette situation lui brisait peu à peu le cœur de voir que la rancune de Cameron était toujours aussi vivace, en dépit des années, lui faisant perdre peu à peu l’espoir de voir leur famille à nouveau réunit. Liam, quant à lui, devait supporter Cameron lorsque le manque de Jules se faisait alors plus présent chez le barman, le rendant plus irritable, plus à fleur de peau, et vraiment pénible. Lily, de son côté, n’avait eu le droit qu’à une demi-histoire avec lui, son cœur étant déjà entièrement occupé par une autre... C’était donc surtout pour eux tous qu’il était là, qu’il prenait le risque de se prendre un coup tel qu’il en mettrait des années avant de s’en relever, et dont il le savait, il ne s’en relèverait que partiellement. Afin de s’investir toutefois au mieux dans cette tâche, de mettre toutes ses chances de son côté, il prenait soin de se montrer attentionné, espérant raviver la flamme qu’il se refusait de croire entièrement éteinte chez Jules, engloutit par celle qui brillait à présent pour Oliver. C’est ainsi qu’il lança l’idée de Jules l’invitant au restaurant pour lui rendre la pareille, pour la glace. A le voir, si souriant et prompt à blaguer, on pourrait croire que c’était super facile pour lui que de se retrouver auprès de Jules. Qu’il n’avait pas l’impression d’être sur le fil du rasoir à chacun de ses mots. Qu’il ne luttait pas contre son envie de lui demander des explications, peu désireux de précipiter les choses et de la perdre, et pour de bon, cette fois. Mais ça en valait la peine. Chacun des sourires de la belle éditrice, toutes ses répliques amusées, ainsi que ses coups d’œil pétillants de malices valaient bien toutes ses souffrances, tout le mal qu’il se donnait pour ne pas perdre le fil de ses pensées et rester concentré sur son objectif.

« Je n’ai qu’un petit salaire, si je t’invite là-bas, on devra se partager un petit plat ! Ca n’en vaut pas la peine ! »

Le barman esquissa un sourire, amusé, alors qu’il imaginait la scène, qui serait pour le moins fort peu apprécié par les serveurs du restaurant. Et, chose qui n’était pas arrivé depuis longtemps, son sourire se propagea même dans ses yeux, les illuminant d’un éclat qui n’y avait pas luit de la sorte depuis bien trop longtemps, ce qui donnait à son regard une teinte d’amusement teinté d’un petit côté rouillé, montrant le manque d’habitude. Cette lueur venait aussi du fait qu’en dépit des ressentit de Cameron, la présence de Jules avait toujours sur lui le même effet apaisant qu’auparavant. Il pouvait bien avoir des centaines de soucis en tête, lorsqu’il était avec elle, tout cela se faisait plus léger. Et aujourd’hui, bien qu’elle soit la cause de ses problèmes, elle était également capable de le lui faire oublier... Ironique, n’est-ce pas, de savoir qu’elle était à la fois sa maladie mais également son remède ? Sachant parfaitement que se pencher sur cette sombre ironie lui ferait perdre pied, Cameron préféra la mettre de côté. Ainsi, il put rétorquer, toujours son petit sourire aux lèvres qui montait jusqu’à ses yeux :

« Oh, c’est déjà mieux que rien ! Faut juste éviter d’y aller et d’avoir très faim... Mais, tu sais que rien que pour voir la tête des employés, ça doit mériter le détour ! »

Les deux jeunes se mirent alors à déguster leurs glaces, Cameron retenant une grimace en sentant le froid sur ses dents. Si avant, celles-ci ne souffraient pas du froid, avec l’âge, toutefois, elles semblaient devenir plus « douillettes », aussi se montrait-il plus minutieux qu’auparavant pour manger des glaces ! Alors que l’agitation continuait à se manifester aux alentours, Cameron cherchait comment continuer la conversation, ayant toujours à l’esprit de garder les sujets sensibles éloignés aussi longtemps que possible. C’est la raison pour laquelle il demanda finalement des nouvelles des sœurs de Jules. Il lui était arrivé de s’interroger à leur sujet, au cours des années écoulées, car il avait finit par les apprécier. Cependant, après la rupture avec Jules, il avait prit un soin tout particulier à ne plus les voir. Ca n’était pas elles en tant que personne qu’il fuyait, bien entendu, mais la personne à qui elles lui feraient immanquablement penser... Les rares fois où il les avait croisés en ville, il avait donc changé de trottoirs ou de routes. A chaque fois, il s’en était toutefois voulu, ayant l’impression de laisser derrière lui quelqu’un qu’il appréciait, ce qui était le cas. Mais la vie est ainsi faite. Aussi fut-il content d’entendre Jules dire :

« Evidemment ! Quelle scène elles te feraient si elles te croisaient ! Si jamais elles savent que je t’ai vu et que tu ne t’es même intéressée à elles, elles risquent de t’en vouloir ! »

Il n’avait donc pas été le seul à avoir gardé de bons souvenirs des sœurs de la blondinette. Une voix mauvaise, au fond de lui, s’écria même qu’il espérait qu’elles en avaient fait baver à Oliver, au début de son histoire avec Jules, qu’elles avaient ainsi prit son parti à lui, et tenter de le défendre auprès de leur aînée. Certes, le résultat n’avait alors pas été là, mais ce simple souhait lui mit alors du baume au cœur.

« Jenny va à l’université, elle apprend le droit ! Quant à Jamie, elle vient d’être diplômée de l’école d’architecture ! Tu ne peux pas savoir combien je suis fière d’elles ! »

Tout en mangeant sa glace, il écoutait Jules avec attention, souriant en entendant la fierté dont celle-ci faisait preuve. Elle s’était donnée bien du mal pour que ses sœurs aillent aussi loin que possible dans la vie, afin de se construire la vie dont elles rêvaient, et qu’elles méritaient amplement, après leur enfance compliquée. Savoir qu’elles étaient en bonne voie pour y parvenir fit plaisir à Cameron.

« Tu sais combien ça n’a pas été facile de faire comprendre à Jenny qu’elle devait s’accrocher dans ses études et combien ça n’a pas été facile pour nous trois et finalement, on est toutes les trois des femmes accomplies ! Quand je les vois aussi heureuses, je ne peux que me féliciter d’avoir eu le courage de prendre le dessus sur ma mère ! »

Cameron était content pour Jules et ses sœurs. Elles n’étaient pas nées sous une bonne étoile, et à force de volonté, elles avaient pourtant réussit à tirer leurs épingles du jeu. Tout ça, bien entendu, c’était grâce à la force de Jules, qui avait prit sur elle pour extirper ses sœurs des griffes de leur mère, et ainsi, de son univers qui les auraient fait peu à peu couler. Peu de personnes auraient été capables de faire ce que Jules avait fait, et c’était sans nul doute ce qui avait contribué à faire craquer Cameron pour elle, cette force insoupçonné qu’elle avait, et cette capacité à surmonter toutes les épreuves pour ses sœurs. Si Cameron souriait, content d’entendre de telles nouvelles, son sourire se dissipa bien rapidement lorsque Jules évoqua sa mère. Cameron ne l’avait jamais rencontré, mais il s’était fait une image assez précise du style de femme qu’elle devait être, au travers les récits que lui en avait fait Jules. Cependant, même s’il ne l’avait jamais vu, il ne pouvait s’empêcher de ne pas l’apprécier. Et la raison était simple : elle n’avait eu de cesse de blesser Jules par son comportement. On pouvait blesser une fois une personne qui comptait pour Cameron, sans que celui-ci ne vienne à mépriser le coupable. Mais si on avait l’audace de recommencer, encore et encore, là, on se faisait un ennemi pour la vie. Et sa rancœur envers Mme Wilder avait augmenté lorsqu’il avait sympathisé avec les petites sœurs de Jules...

« C’est bien pour tes sœurs. Je suis content d’apprendre ce qu’elles ont accomplit ! »

Il ne savait que trop bien ce qu’on éprouvait après s’être démener pour donner toutes leurs chances à ceux qu’on aimait. C’est sans doute parce qu’il avait tout fait pour Oliver qu’il était fier de voir qu’il avait bien réussit dans la vie, même si c’était une part inconsciente de lui qui éprouvait cette fierté, et que s’il venait à la découvrir, il préférait subir des tortures plutôt que de l’admettre !

« Tu pourras les féliciter de ma part ! Et si Jamie a besoin de coup de main, elle peut contacter Liam, il aime à se la jouer Bon Samaritain ! »

Sans oublier que le cabinet d’architecture de Liam était très réputé, et l’intégrer, même pour un simple stage, permettait à bons nombres de portes de s’ouvrir plus facilement. Cameron connaissant parfaitement Liam, il savait donc qu’il étudierait avec attention le dossier de Jamie, sans tenir compte de son lien de parenté avec Jules. L’anglais savait se montrer professionnel lorsqu’il le fallait, et aimait aussi à aider de jeunes talents prometteurs. Ou aider tout simplement les autres... Evidemment, cet aspect de la personnalité de William expliquait sans nul doute pourquoi Cam et lui s’entendaient aussi bien, car ils se ressemblaient pas mal, à bien des égards. Cameron considérait depuis toujours Liam comme son frère, et suite à sa mésaventure avec Oliver, il voyait son meilleur ami comme le frère qu’il aurait dû avoir, celui qui ne l’aurait jamais trahit...

Une sonnerie de téléphone portable se fit alors entendre, sortant Cameron de ses pensées. La sonnerie retentit encore de longues secondes avant que le propriétaire, un retraité en vacances, s’en rende compte, et prenne enfin l’appel. Cela permit à Cameron de revenir à lui, et au sujet de conversation initial : les sœurs de Jules.

« T’as vraiment fait du bon boulot avec tes sœurs, Jules », lui dit-il en se tournant vers elle. « Elles ont de la chance de t’avoir à leurs côtés. Et ta mère ne mérite pas que tu lui en veuilles encore, tu sais. Non pas que je cautionne ce qu’elle a fait, loin de là », dit-il alors avec vigueur, ayant toujours fait savoir ce qu'il pensait de Mme Wilder à Jules, « mais je veux plutôt dire qu’elle ne mérite même pas que tu ressentes encore quoi que ce soit pour elle, parce que même de l’amertume, c’est trop pour elle ! »

Il esquissa un sourire en détournant le regard, se disant que cela devait paraître ironique qu’il parle ainsi, alors que lui-même en avait désespérément voulu à son père, et à la Terre entière, des années durant. Cependant, au fil des années, sa rancune avait laissé place à de l’indifférence, et un puissant désir de ne jamais reproduire les mêmes erreurs que son père, qui, pour Cam, n’était rien de plus qu’un géniteur.

« Même si je comprends parfaitement que c’est dur de rayer entièrement de sa vie son parent... Est-ce que t’as des nouvelles d’elle, au fait ? A-t-elle enfin changé et prit conscience de ses torts ? »

Si on tendait bien l’oreille, on pouvait entendre l’espoir d’un retournement de situation. Après tout, dans l’hypothèse où elle ait réussit à changer, cela lui donnerait de l’espoir pour son père. Et oui, on a beau tirer un trait définitivement sur les gens, lorsqu’il s’agit de l’un de nos parents, ce trait n’est pas forcément aussi énorme qu’on le croit. Le manque de son père avait trop profondément marqué Cameron pour qu’il l’oublie de la sorte, quand bien même des années passeraient ! S’en voulant de sentir poindre l’espoir en lui, il préféra donc repartir dans la dégustation de sa glace. De même, il s’en voulait d’avoir demandé ça, sachant que c’était un sujet délicat pour Jules. Néanmoins, si lui ressentait l’absence de son père malgré les années, elle devait sans nul doute éprouver parfois le manque de sa mère, ou tout au moins, d’une véritable mère, plus attentionnée et attentive....